Chaque année, le 31 octobre, des centaines de millions de personnes se déguisent, décorent leur maison et s’offrent des frissons dans plus de 50 pays. Aux États-Unis, ce rituel planétaire représente à lui seul 12,2 milliards de dollars de dépenses : costumes, bonbons, décorations, soirées, films, attractions… un véritable empire sans dirigeant. Et pourtant, aucune agence événementielle, aucun plan marketing, aucune structure centrale n’a jamais piloté Halloween. C’est l’histoire d’un phénomène collectif, né il y a plus de 2000 ans, qui s’est transformé en l’un des événements les plus puissants et les plus rentables du monde. Dans cet épisode du podcast Focus by Good Morning Event, Nicolas Guillermou nous emmène à la découverte du premier événement viral de l’histoire — un modèle d’auto-organisation dont les professionnels de l’événementiel continuent de s’inspirer.
Pour comprendre la puissance d’Halloween, il faut remonter 2000 ans en arrière, au cœur de l’Europe celtique. Les Celtes célébraient Samhain, la fin de l’année et le passage vers l’hiver. Une nuit où le monde des vivants et celui des morts se mêlaient. Feux, déguisements, offrandes… les bases du futur Halloween étaient posées. Au VIIIᵉ siècle, l’Église catholique christianise la fête en créant la Toussaint (All Hallows Day), dont la veille devient All Hallows Eve, puis Halloween.
Mais c’est au XIXᵉ siècle que le mythe prend vie : les immigrants irlandais emportent la tradition aux États-Unis. Là-bas, ils remplacent le navet par la citrouille, plus facile à sculpter. Légendes, rituels et créativité populaire se mêlent : Halloween devient une fête communautaire américaine. Les enfants crient “Trick or treat!”, les voisins décorent leurs maisons, et les marques flairent l’aubaine. Dans les années 1950, les fabricants de bonbons et de costumes investissent massivement. Le marketing s’empare de la tradition, et la transforme en un business colossal.
Halloween a ceci d’unique : personne ne l’organise, et tout le monde y participe. Pas de mairie, pas de sponsors, pas de billetterie. Chaque foyer devient un micro-événement, chaque rue un mini-parc à thème. Aux États-Unis, certains quartiers rivalisent de créativité avec des décors de cinéma et effets spéciaux dignes d’Hollywood. Disney, Universal et les parcs d’attractions s’emparent de la tendance, multipliant soirées et attractions thématiques.
Aujourd’hui, Halloween génère plus de revenus que la Saint-Valentin et rivalise avec Noël. Les chiffres donnent le vertige :
Et pourtant, l’essence du phénomène reste la même : une célébration collective, virale et spontanée.
En France, après un démarrage timide dans les années 1990, Halloween renaît aujourd’hui grâce aux réseaux sociaux et à la nouvelle génération. En Asie, l’événement explose : Shibuya Halloween au Japon attire des centaines de milliers de participants. En Irlande, la fête retrouve ses racines celtes. Et au Mexique, elle fusionne avec El Dia de los Muertos, dans un syncrétisme unique.
Halloween prouve qu’un événement n’a pas besoin d’un budget colossal pour devenir mondial. Avec une date fixe, un rituel partagé et une forte dimension émotionnelle, l’expérience se crée d’elle-même, de manière organique et collective.
Un modèle inspirant pour le monde de l’événementiel, où la viralité, la créativité et la participation peuvent transformer une simple tradition en un business planétaire autogéré.
Nicolas Guillermou : 31 octobre 2024, partout dans le monde, des centaines de millions de personnes se déguisent, sculptent des citrouilles, décorent leur maison. Aux États-Unis, jusqu’à 12,2 milliards de dollars sont dépensés cette nuit-là. Bienvenue dans l’histoire d’Halloween, le premier événement viral de l’histoire, l’événement autogéré qui s’est propagé sur la planète entière, sans organisateur central, sans budget marketing initial et sans agence événementielle. L’événement le plus rentable du monde après Noël.
Générique : Focus, c’est votre nouveau rendez-vous sur Good Morning Event. Chaque semaine, nous découvrirons un événement qui a fait de l’actualité.Good Morning Event, le podcast de l’événementiel.
Nicolas Guillermou : Pour comprendre ce phénomène unique, il faut remonter 2000 ans en arrière, dans l’Europe celtique. Les Celtes célébraient Samhain, la fête marquant la fin de l’année et le début de l’hiver, dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre. Cette nuit était considérée comme magique. Le voile entre le monde des vivants et celui des morts s’amincissait, permettant aux esprits de revenir parmi nous. Pour apaiser ces âmes errantes, les celtes allumaient de grands feux, se déguisaient avec des peaux d’animaux pour tromper les mauvais esprits et laisser de la nourriture devant leurs portes. Les origines d’Halloween sont là. Déguisement, lumière et offrande de nourriture. Au VIIIe siècle, l’Église catholique christianise cette fête païenne en instaurant la Toussaint le 1er novembre. All Hallows Day, en anglais, dont la veille devient All Hallows Eve, contracté en Halloween. Le vrai tournant arrive au 19ème siècle, entre 1846 et 1848. La grande famille irlandaise pousse des millions d’Irlandais à immigrer vers les Etats-Unis. Dans leurs valises, leurs légendes, leurs traditions et Samhain devenu Halloween. Aux Etats-Unis, ils découvrent que la citrouille bien plus abondante que le navet européen, est parfaite pour sculpter des lanternes. Jack-o’-lantern prend sa forme moderne. Mais ici, le génie marketing commence. Les immigrants irlandais transforment Halloween en fête communautaire américaine. Les enfants se déguisent et font du porte-à-porte en criant « Trick or treat » , « des bonbons ou un sort ». Une tradition qui se répand comme une traînée de poudre dans l’Amérique de l’après-guerre. Dans les années 1950-1960, les marques flairent l’opportunité. Les fabricants de confiseries menés par l’industrie du chocolat investissent massivement. Halloween devient « the » événement pour écouler les stocks avant Thanksgiving. Les costumes manufacturés remplacent les déguisements faits maison. Les décorations en plastique envahissent les magasins. Le phénomène explose dans les années 1970-1980. Les films d’horreur popularisent l’esthétique Halloween. Les parcs d’attractions créent des « Haunted Houses » et « Maisons hantées » . Disney lance ses premières soirées Halloween à Disneyland. Universal Studios suit avec « Halloween Horror Nights ». L’événementiel s’empare d’Halloween. Les chiffres deviennent vertigineux. En 2024, ce sont près de 12,2 milliards de dollars qui sont dépensés par les Américains pour Halloween, soit plus que le PIB de certains pays. On estime à 3,3 milliards pour les costumes des humains et des animaux, 3,6 milliards pour les décorations et 3,5 milliards pour les bonbons. Et le reste, évidemment, en cartes de vœux et accessoires divers. Mais le génie d’Halloween, c’est qu’il ne nécessite aucun organisateur central. Pas de comité d’organisation, pas de budget municipal, pas d’autorisation administrative. C’est un événement peer-to-peer, autogéré par des millions de participants qui deviennent simultanément organisateurs et spectateurs. Chaque maison devient un mini-événement. Les Américains notamment rivalisent de créativité. Décorations élaborées, scénographies horrifiques, effets spéciaux dignes d’Hollywood, certains quartiers attirent des milliers de visiteurs, transforment des rues résidentielles en véritables parcs à thèmes éphémères. En France, l’histoire est plus compliquée. Dans les années 90, les marques tentent d’importer Halloween. Optos Opus dépose même la marque Halloween et commercialise le Samhain, le gâteau officiel breveté. Les grandes surfaces déploient des rayons entiers. Disneyland Paris lance ses premières soirées Halloween en 1997. Mais la grève prend mal. En 2008, c’est l’échec commercial avoué. Les Français résistent à cette américanisation. La Toussaint reste une fête familiale de recueillement et pas un carnaval horrifique. Et pourtant, depuis les années 2010, Halloween renaît en France, portée par une nouvelle génération connectée, les réseaux sociaux et une approche moins commerciale et plus festive. Aujourd’hui, on estime qu’Halloween est célébrée dans plus de 50 pays. Le Japon en est fou. Shibuya Halloween rassemble des centaines de milliers de participants déguisés. L’Irlande revendique ses racines celtes avec des festivals géants. Et le Mexique fusionne Halloween avec son Dia de Los Muertos. L’impact sur l’événementiel est considérable. Halloween prouve qu’un événement peut se propager organiquement, sans marketing centralisé, que les participants peuvent devenir créateurs d’expériences, que la date fixe, le rituel partagé et l’imaginaire collectif suffisent à créer un phénomène mondial. Les marques l’ont compris. Halloween génère désormais plus de revenus que la Saint-Valentin. Les agences événementielles multiplient les soirées thématiques. Les parcs d’attractions font un énorme chiffre d’affaires sur octobre. Halloween est devenue une industrie de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans le monde. Halloween, quand l’événementiel découvre que le plus puissant des événements C’est celui que tout le monde organise ensemble, sans même se concerter.
Générique : Merci beaucoup d’avoir écouté jusqu’au bout ce podcast de Good Morning Event. N’hésitez pas à mettre une note de type 5 étoiles sur les plateformes à travers lesquelles vous écoutez le podcast et même un petit commentaire sur Spotify, ça aidera pour son référencement. Vous pouvez également nous envoyer un petit mail à l’adresse qui est indiquée en description pour nous conseiller de futurs invités ou nous faire part de vos impressions. Et à très bientôt pour un nouvel épisode.