Du Stade de France à l'Adidas Arena

S01E08 – Isabelle Longoni : Directrice de l’Adidas Arena après une carrière au Stade de France

 

Une carrière inspirante ! 

 

Dans ce nouvel épisode, Nicolas Guillermou part à la rencontre d’Isabelle Longoni, une figure de l’événementiel sportif ! 

 

Après avoir œuvré au Stade de France puis participé au lancement du Stade Matmut Atlantique à Bordeaux, Isabelle a pris la tête de l’Adidas Arena à Paris en tant que directrice de site. Un an après l’inauguration de ce lieu d’exception, elle revient sur son parcours, sa vision du secteur et nous dévoile les coulisses de cette nouvelle scène parisienne qui accueille déjà près de 200 événements par an. 

 

Un échange inspirant sur les enjeux d’un site multifonctions, l’innovation dans la gestion d’équipements événementiels et la passion du terrain. 

 

Transcription de l’épisode

 

N.G : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le podcast Good Morning Event. Aujourd’hui, je suis avec Isabelle. Isabelle, bonjour.

 

I.L : Bonjour.

 

N.G : Tu t’appelles Isabelle Longoni et tu es notre invitée aujourd’hui car tu es directrice de site de l’Adidas Arena, la toute nouvelle Arena dans le nord de Paris, porte de la Chapelle, qui a ouvert au public en 2024 et a déjà accueilli de nombreux événements dont les Jeux Olympiques. Est-ce que tu peux nous présenter déjà en quelques mots cette nouvelle Aréna ?

 

I.L : Oui, tout à fait. Bienvenue. Adidas Arena, c’est une Aréna qui est à Porte de la Chapelle, dans le 18e arrondissement. Donc, un quartier qui est en développement, où il y avait de la place de construire une Aréna aussi. Le chantier a duré plus de deux ans. Les équipes de Bouysse Construction pour la Solideo, ouvrage des JO. Et on a ouvert le 11 février 2024. Et là, on vient de fêter nos 1 an.

 

N.G : Félicitations, bon anniversaire.

 

I.L : Merci beaucoup.

 

N.G : Alors, on va évidemment bien s’attarder sur l’Adidas Arena, un petit peu les spécificités de ce lieu. Mais je voudrais dans un premier temps qu’on s’intéresse à ton parcours. Alors, on s’est croisés nous rapidement à UCPA événements, mais c’est surtout, je crois, au Stade de France que tu as fait tes premières armes dans l’événementiel. 

 

I.L : Oui, tout à fait. Moi, j’ai fait des études événementielles avec un master événementiel sportif à Orsay. C’est à ce moment-là qu’on s’est rencontrés sur un stage à l’UCPA événements. Ça remonte un peu quand même, effectivement.

 

N.G : 2006, il me semble.

 

I.L : Oui, tu as dit mon âge là, du coup. Et effectivement, après, je suis partie en stage au Stade de France sur ma deuxième année de master, après une année au Canada. Et après, j’ai été intégrée en CDI en 2007 au Stade de France à la Régie Générale.

 

N.G : Alors explique-nous, qu’est-ce que c’était ton métier au Stade de France ?

 

I.L : Alors au départ, j’étais chargée de production événementielle globale, en fait. Donc on peut délivrer les accueils des organisateurs,. J’ai fait du Stade, à l’époque, ils faisaient des événements. J’ai fait Rêve de neige, qui était un événement où les enfants venaient profiter des plaisirs de la neige. Donc, ça pouvait être de l’escalade, ça pouvait être de faire du ski, ça pouvait être une patinoire. Donc, ça, on mettait en place pendant 15 jours au stade.

 

N.G : On transformait, je crois, la tribune en une piste de ski.

 

I.L : Exactement, c’était génial parce qu’il y avait plein d’enfants qui n’avaient jamais pu skier, qui skiaient pour la première fois au Stade de France. Donc, c’était, pour nous, côté régie, hyper intéressant à mettre en place parce que plein de régisseurs à coordonner, plein de prestataires. Et puis pour le côté magique de faire skier les enfants, c’était un très bel événement. Et puis après, j’ai enchaîné sur des missions plus hospitalité, notamment sur la Coupe du Monde de rugby en 2007, où je travaillais dans les salons pour accueillir la partie B2B. Et puis après, j’ai commencé à prendre un peu de management, où au départ, j’ai été responsable d’un pôle projet, donc avec deux, trois personnes de mes équipes. La région générale, c’est qu’en fait, on peut délivrer l’ensemble des événements. et l’ensemble des périmètres du Stade de France, que ce soit accueil organisateur, l’hospitalité, le broadcast, ou l’accueil de l’expérience client, plus la partie B2C.

 

N.G : Et tu vas être au Stade de France jusqu’en 2015 ? Oui, tout à fait. Tu descends en direction du Sud-Ouest, à Bordeaux ?

 

I.L : Oui, j’étais responsable d’exploitation à ce moment-là, et j’avais fait un peu le tour de mes missions au Stade de France, j’en fais part à ma direction générale. Et elle me propose une mission pour lancer l’exploitation du stade Matmut de Bordeaux. Donc, on est en 2015 et j’arrive encore en mode chantier, bottes caoutchouc, pour délivrer les demi-finales du top 14 qui ont lieu en juin 2015. Oui, tout à fait.

 

N.G : C’est encore les travaux et tu fais l’ouverture finalement.

 

I.L : Oui, on monte une équipe. Il y avait déjà une petite équipe en place. Donc, avec le directeur général, on travaille sur la partie exploitation. Et donc, on répond aux appels d’offres, on met en place l’ARH nécessaire et on travaille sur le delivery de ces demi-finales du top 14.

 

N.G : Ça dure huit mois, si j’ai bien révisé. Tout à fait. Et ensuite, on te propose une nouvelle opportunité au Stade de France. Donc, tu reviens au nord de Paris.

 

I.L : Oui, je reviens au Stade de France en tant que directrice des opérations du Stade de France.

 

N.G : Et alors, est-ce que tu peux nous expliquer l’évolution de ce poste par rapport à ce que tu as pu faire par le passé ?

 

I.L : En fait, il y avait une partie exploitation que je maîtrisais avec du management, il y a une partie maintenance que je maîtrisais moi, donc là c’était un nouveau métier pour moi, donc c’était très intéressant.

 

N.G : Et le Stade de France, on aurait pu se dire que tu aurais participé à l’autre Coupe du Monde de rugby 2023, les JO 2024, mais en fait en 2022, tu vas quitter le Stade de France pour rejoindre un projet qui est devenue réalité depuis, donc l’Adidas Arena. Est-ce que tu peux nous expliquer à quel moment tu intègres l’équipe de ce projet ?

 

I.L : J’arrive en septembre 2022 en direction projet à l’Adidas Arena dans le groupe PEC, Paris Entertainment Company, donc Accor, Adidas et le Bataclan. J’arrive sous Julien Rongier, qui est le directeur du projet, et en responsabilité avec Nicolas Dupeu du projet global de l’Adidas Arena. Là, on est encore en mode travaux. Bouygues Construction a lancé les travaux. Donc, on arrive, je retourne dans mes bottes de chantier, mon bungalow, et on commence à faire les repérages et travailler sur la mise en route de l’exploitation. Donc, ça veut dire tous les marchés publics, la réflexion sur ce qu’on veut proposer au parcours client B2B ou B2C, et puis essayer d’affiner pour notre planning de délivery, mais aussi nos équipes.

 

N.G : Quand tu arrives, donc on est un an et demi finalement avant l’ouverture, les chantiers qui t’ont peut-être le plus passionné dans cette année et demie, qu’est-ce qui était le plus excitant ? Parce qu’il y a des choses, j’imagine, qui étaient un peu effectivement déjà dans les tuyaux et des choses où il y avait encore tout à créer. Dans tes réalisations, de quoi tu te souviens le plus ?

 

I.L : En fait, ce qui est marrant, c’est que tout était très bien réfléchi. En fait, ils ont beaucoup oeuvré le groupe pendant le Covid. Ils ont répondu à la DSP, délégation de services publics, pour affiner le besoin. Mais ce qui était sympa, c’est qu’ils ont eu des idées un peu différentes. Par exemple, sur la restauration grand public ou B2B, ils n’ont pas voulu renouveler le modèle qu’on trouve dans les arénas ou les autres stades. Ils voudraient une vision différente, trouver un prestataire un peu hors normes, avec une version un peu quali. de la restauration grand public, ce qu’on n’a pas souvent dans les stades et les arénas. Donc ça, ça a été un visuel très intéressant. Et puis, il y a aussi tout ce qui est design des lieux. Je ne sais pas si tu t’es baladé un petit peu dans l’aréna, dans la loge que tu peux voir, il y a un design particulier. En fait, on trouve un ADN et en fait, c’est de faire en sorte que tout soit cohérent avec les équipes du marketing et des travaux.

 

N.G : Alors, pour vous décrire actuellement l’enregistrement, on est dans la loge Adidas. Donc, on est très bien placé. On a une vue magnifique où on mettra quelques petites photos. On a une vue magnifique je crois aussi qu’il y a un Skybar tout en haut, c’est ça ? Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ?

 

I.L : Oui, c’est un nouveau produit. Alors, c’est un produit hospitalité, donc B2B. Mais la particularité, c’est qu’il est ouvert sur le bol. Donc, c’est un bar. Il y a une entrée, effectivement, qu’on prend avec la partie B2B. Et après, on peut prendre des prestations complémentaires au niveau du bar. Donc, on a une vue assez aérienne et assez dingue, aussi bien au niveau du sportif qu’au niveau de la scène, puisque, alors le Sky Bar est au sud de l’aréna et la scène est au nord, donc on a vraiment une vue plongeante vers le spectacle.

 

N.G : Et les gens qui sont là-haut, ils ont également une place assise quelque part ?

 

I.L : Non, ils restent justement, ils vivent, c’est ça qui est différent en fait. Normalement, on a forcément une place en tribune. Là, ils peuvent bouger dans le Sky Bar et vivre autour du bar pendant l’événement.

 

N.G : Ok, tu nous parlais de l’Aréna, tu nous parlais du terrain, de la scène. Est-ce que tu peux nous décrire un peu les différentes configurations, les jauges aussi de l’espace ?

 

I.L : Oui, bien sûr. Je vais vous expliquer un peu ce qu’on a fait cette année. La config max, c’est 9000 personnes. On a une salle qui est très polyvalente avec des gradins rétractables. Qu’est-ce qu’on a pu faire comme événement ? Évidemment, on a le club résident avec le Paris Basketball qui viennent régulièrement environ 40 événements par an. Mais on a aussi fait en sport du hand. On a accueilli des événements de MMA avec Ares ou le KSW. On a fait des événements de skate aussi. Donc ça, c’était assez cool. 15 jours après l’ouverture, avec une rampe de skate au milieu du bol.

 

N.G : Sympa.

 

I.L : Oui, très cool. Et puis après, on a toute la partie concert. Donc là, on a travaillé en 360, par exemple, pour le concert de Zola en scène centrale. Mais généralement, la scène est au nord et on rétracte la tribune au nord. On a aussi eu Disney on Ice. donc une patinoire pendant 15 jours pendant les vacances scolaires de Noël qui reviendra aussi l’année prochaine.

 

N.G : Ça, la patinoire mobile, ça doit te rappeler des souvenirs.

 

I.L : Oui, c’est ça. On s’est remis dans le froid, c’était marrant.

 

N.G : Parce que l’UCPA a géré beaucoup de patinoires à notre époque, donc ça nous rappelle les choses, les patinoires éphémères. Et cette Adidas Arena, il y a l’intérieur, évidemment, mais je crois qu’il y a aussi tout l’extérieur. Il y a une espèce d’intégration dans un univers urbain. Je crois qu’il y a une dalle qui va aussi s’implanter dans les prochains mois, avec des espaces extérieurs pour des espaces de vie. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu tout ça, cette intégration ?

 

I.L : L’idée, c’était de vivre vraiment dans l’environnement du 18e et faire vivre le 18e à travers de cette aréna. Donc déjà, on a le parvis avec des food court, des contenais restauration, des animations liées au ball. Mais ça peut être les organisateurs, mais nous, on peut créer aussi des animations. Et après, on a des activités différentes avec deux gymnases. Donc là, c’est aussi dans le cadre de la DSP. On a les scolaires ou des associations, ou des locaux qui viennent pratiquer des activités sportives dans nos deux gymnases. Donc là, c’est dans mes effectifs, on pilote les gymnases. Et après, il y a un futur lieu de vie qui va ouvrir fin septembre, qui va être la Chapelle District, qui va être pilotée par un concessionnaire qui s’appelle Allo Floride. Et là, c’est 2500 m2. Ils sont actuellement en construction, donc il y aura du foot court, donc la restauration. et une partie entertainment, bar, clubbing, et deux terrasses activées. Donc ça, ça va vivre aussi à l’année. Donc ce qui est sympa, c’est qu’on a une activité à peu près sur 100-110 événements ball par an. On a l’activité des deux gymnases et la future activité du lieu de vie qui va ouvrir en septembre.

 

N.G : Je vois que vous ne chômez pas.

 

I.L : On ne s’ennuie pas.

 

N.G : Alors je suis arrivé, je me suis un petit peu renseigné sur les événements à venir et rien que pour donner un ordre de grandeur aux gens qui nous écoutent, demain, il y a deux événements. Vous avez un séminaire la journée et un match de basket d’Euroligue le soir avec le Paris Basket. Comment est-ce qu’on gère comme ça, finalement, deux événements plus que consécutifs dans la même journée, dans un lieu ?

 

I.L : Ça, c’est un peu le cœur du métier. C’est le planning de coactivité et d’activité. On a des équipes qui sont rompues à l’exercice. Donc, c’est une bonne communication. C’est faire part à l’organisateur. C’est comprendre les aléas et les contraintes et puis essayer d’anticiper les problèmes.

 

N.G : Et dans les aléas et contraintes, le Paris Basket, c’est une équipe sportive avec, comme toute équipe sportive, des calendriers qui peuvent varier d’une saison sur l’autre, parce qu’ils ne sont pas toujours annoncés en amont, mais aussi en fonction de qualifications, de play-off et tout ça. Parallèlement à ça, des calendriers culturels de type concert, on sait que c’est organisé souvent bien plus qu’un an à l’avance. Comment est-ce que vous arrivez à jongler finalement avec ces calendriers à géométrie variable ?

 

I.L : La programmation s’arrache les cheveux, clairement. Ce n’est pas simple de caler les 40 dates avec les contraintes dont on a parlé. Que ce soit à Disney, où on sait qu’ils vont venir déjà sur trois ans, ou un producteur qui prend sa date une année après. On fait sous forme d’options A, B, C. Et puis après, souvent les résultats, on les met sur l’option A, B. Effectivement, ça a des contraintes sur notre planning d’activité, mais aussi sur nos contraintes perso.

 

N.G : Pour l’instant, le Paris Basket a toujours pu jouer à domicile.

 

I.L : Oui, pendant qu’on a eu Disney on Ice ils sont allés jouer à l’Accord Arena c’était aussi sympa c’est presque à domicile parce que ça fait partie du groupe exactement c’est la grande sœur et puis ça met ça en vedette un peu comme un match de gala du coup oui c’est différent et puis ça les met en valeur aussi sur des belles dates au moins il y a un gros remplissage c’est sympa aussi.

 

N.G : Alors, justement on fait le lien avec tout le groupe l’Accord Arena à Bercy le Bataclan l’Adidas Arena comment est-ce que ce lieu et les deux autres finalement, ils s’intègrent dans la demande des clients ? Est-ce qu’il y a un seul service commercial qui ventile en fonction de la demande vers l’un ou l’autre ?

 

I.L : En gros, on fonctionne en forme de groupe. Les fonctions support type transverse, donc RH, juridique, com, marketing, sont là au niveau du groupe. Et après, les fonctions opérationnelles sont au niveau des sites. Néanmoins, je suis rattachée à une direction des opérations du groupe. Donc, on échange sur les bonnes pratiques et les différents axes d’amélioration sur les deux salles, mais il y a une coordination groupe générale.

 

N.G : Alors cette Aréna, elle est toute neuve, elle s’inscrit dans un paysage où finalement, il y a de plus en plus d’arénas. Pendant très longtemps, il n’y avait que Bercy, ça s’appelait même Bercy à l’époque. Est-ce qu’il y a aujourd’hui une vraie concurrence où finalement, chaque aréna a sa spécificité et finalement, vous n’avez qu’à gérer l’entrant parce que le client ou l’agence vient vous voir en disant « je veux l’Adidas Arena pour telle et telle raison » ou alors est-ce qu’il faut se vendre ? Parce que vous êtes en concurrence avec d’autres.

 

I.L : Alors, j’espère que dans quelques années, ils appelleront et on n’aura pas besoin de faire de démarches. Mais aujourd’hui, c’était déjà de faire connaître la salle, d’expliquer aux différentes prods qu’on est opérationnel, qu’il n’y a pas de contraintes pour eux, qu’elle est bien, pourquoi elle est mieux, pourquoi elle est mieux qu’ailleurs, en fait. Donc, nous, on doit travailler sur notre delivery, sur notre accueil organisateur. Et puis, faire connaître la salle, c’est faire aussi rentrer des grands artistes. Et pour ça, il faut aussi aller chercher les productions.

 

N.G : Si on fait un petit retour en arrière, on revient sur 2024, sur l’été, sur le début de l’automne aussi. Évidemment, l’Adidas Arena a reçu les Jeux Olympiques. Il y a eu à la fois les Jeux et les Jeux Paras. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu tes souvenirs de ce moment-là ?

 

I.L : Les JO, quand on travaille dans l’événementiel, on a l’impression d’en entendre parler depuis 15 ans, même avant quand on ne l’a pas eu pour Londres. Donc, on était impatients, on avait hâte de commencer à travailler dessus. Et puis, nous, on a été pris par la ferveur de l’ouverture de l’Adidas Arena. Il y avait une équipe projet qui travaillait aussi sur les JO. Et on est venu compléter leurs équipes, les accompagner. Et puis, en fait, ça a pris. Je pense qu’on n’a pas été déçus, les JO étaient là et il y a eu une effervescence. Il y a eu Paris qui était assez magique. Paris qui était calme, où on prenait les transports, où on avait bienvenue pour les JO. Moi, j’ai trouvé ça assez magique.

 

N.G : Beaucoup de lieux sportifs louaient ou mettaient à disposition leur lieu pour l’organisation des JO, et c’est l’organisation des JO qui venait effectivement s’implanter. Ici, du coup, c’était un petit peu différent parce que finalement, vous avez gardé la main aux côtés des équipes du co-JO sur l’événement. Est-ce que ça, c’est compliqué parce qu’il y a deux équipes qui travaillent ensemble ? Est-ce qu’au contraire, c’est une force parce que vous maîtrisez aussi ? parfaitement votre lieu, même si vous l’aviez depuis seulement quelques mois. Donc, il faut encore évidemment toujours un peu se roder. Comment ça s’est organisé ? Peut-être si tu as eu des échanges avec d’autres lieux qui n’ont pas eu le même fonctionnement. Est-ce que c’était plus simple, plus difficile comme organisation ?

 

I.L : Je pense surtout que c’était une chance. En fait, on était cité 2E pour ceux qui maîtrisent le jargon des JO. Mais ça veut dire en fait que ça nous permettait de délivrer, nous qui connaissions la salle, au plus proche des équipes JO, les Jeux Olympiques. C’était quand même une grande valeur pour les équipes, ça aurait été dommage qu’ils partent en vacances alors qu’on délivre les JO. Quand on travaille dans l’événementiel, on a envie de sortir une fois au moins dans sa vie les Jeux Olympiques. Et ça nous a permis de faire ça. C’était top.

 

N.G : C’est quoi le sport qui t’a le plus marqué finalement ici ?

 

I.L : Alors moi, j’ai bien aimé la gymnastique rythmique en équipe. C’était assez cool. L’ambiance était dingue. C’était assez chouette comme événement.

 

N.G : Et au-delà de la préparation, de l’après et tout ça ? Pendant justement les épreuves sportives. Quel était ton rôle ? Où est-ce que tu étais ? Et est-ce que tu avais finalement un peu le temps de profiter ou ça ne s’arrêtait jamais ?

 

I.L : Alors moi, j’étais en backup de la directrice de site. Donc, ce n’est pas là où j’ai couru le plus, mais j’étais plus en aide, en support par rapport à la connaissance du bâtiment. Donc, les équipes JO ont beaucoup couru. Moi, un petit peu moins que la première phase de 2024, mais j’étais plutôt en support.

 

N.G : Et sur ces JO, est-ce que tu as eu le temps quand même d’aller voir d’autres événements ou tu es restée ? Centré ici, tu as pu prendre quelques billets. Le Stade de France n’est pas loin.

 

I.L : J’ai pris quelques billets. On a pu profiter. Je suis allée voir voir le 3-3 à la Concorde, le beachvolley, les événements avec mes équipes d’ailleurs d’athlètes au Stade de France. C’était des bons moments. Il ne fallait pas passer à côté.

 

N.G : Et sur les Jeux paralympiques, quelle différence tu ferais sur l’ambiance, l’énergie qu’il y a eu entre les JO et les Jeux para ? Est-ce que c’était exactement la même chose ? Est-ce qu’il y avait une ambiance qui était un peu différente ? Peut-être avec plus d’enfants ?

 

I.L : Oui, c’était une ambiance plus familiale, mais j’ai trouvé que pour la première fois, les JO Paralympiques étaient quand même bien mis en valeur. Et ça nous a permis de mettre en valeur certaines activités. J’ai appris des choses, je pense, comme beaucoup de monde. J’avais moins la connaissance de l’environnement événementiel sportif para, donc c’était intéressant.

 

N.G : On a vu notamment ici en badminton des moments assez inoubliables. On a eu quelques très, très belles médailles.

 

I.L : Oui, tout à fait.

 

N.G : Notamment un nantais, un sautronné, Charles, que je salue aujourd’hui.

 

I.L : C’était un bel événement.

 

N.G : Quelque chose qui me marque aussi c’est que dans l’événementiel il y a énormément de femmes sur beaucoup de postes, typiquement chefs de projet, elles sont majoritaires et quand on monte un petit peu en responsabilité on se rend compte que c’est un univers qui redevient très masculin alors je suis très heureux que tu sois la première femme que j’ai le plaisir d’interviewer dans ce podcast. Quelle est ta vision par rapport à ça et est-ce que tu sens que les choses quand même s’améliorent, se normalisent j’ai envie de dire.

 

I.L : En fait j’ai jamais trouvé que j’étais pas dans la norme. Honnêtement, de mon côté, par rapport à ma carrière, j’ai à chaque fois pris des opportunités quand on me tendait la main et l’évolution s’est faite comme ça, effectivement, je peux dresser comme toi le constat qu’il n’y a pas beaucoup de femmes, mais je n’ai pas senti ce déséquilibre dans ma carrière, moi, pour le coup.

 

N.G : La norme, ce que je disais, c’est que la norme, c’est qu’il y a une espèce de 50-50. C’est plutôt ça qui est la norme et une espèce de cible. Je crois que dans le groupe, vous êtes assez bien représenté. Et malgré, par exemple, le fait aussi que vous ayez beaucoup de métiers techniques au niveau du son, de la lumière, des accroches qui sont souvent, traditionnellement des métiers où on retrouve beaucoup d’hommes, il y a pas mal de femmes chez vous.

 

I.L : Il y a une nouvelle génération qui arrive. Par exemple, la régisseuse générale de la Adidas Arena est une femme, ce qui est très rare à ce poste-là. Normalement, on dit que c’est équilibré, mais en fait, ce n’est pas équilibré dans tous les métiers. Au global, ça l’est. Mais là, nous, on a une équipe régie très féminine. La partie servicing est aussi assez féminine. Donc, on arrive à avoir une aréna équilibrée, je dirais.

 

N.G : Et s’il y a des jeunes femmes, peut-être des étudiantes qui nous écoutent et qui ont envie de travailler dans l’événementiel, est-ce que tu aurais des conseils à leur donner ?

 

I.L : Allez-y, ne vous fermez pas de porte. Allez apprendre, faites du terrain, achetez votre légitimité comme ça et tout se passera bien.

 

N.G : Parfait, je pense qu’elles vont l’écouter avec attention. Alors petite question, quand tu vas sur un autre stade ou quand tu vas voir un concert, tu vas voir un événement, quel est ton regard sur cet événement-là ? Est-ce que tu arrives à rester simple spectatrice ou est-ce que finalement, des fois, la magie est un peu gâchée parce que tu as un espèce d’œil de spécialiste qui a envie de regarder tout ce qui se passe, qui a envie d’être backstage, de voir comment ça fonctionne ou de repérer les points d’amélioration ?

 

I.L : Alors effectivement, dans l’événementiel, on est tous pareils. On a un regard très critique. Donc on pompe tout ce qui est très bien et puis on met le doigt sur ce qui ne va pas. Mais il y a quand même quelque chose qui fonctionne bien avec les spectacles et le sport. C’est que quand le show commence, on se met dedans. Moi, j’adore l’événementiel et c’est vrai que, quand je vais au Stade de France, je suis prise par le 15 de France. Quand je vais voir un artiste que j’adore, je suis prise à l’Accor Arena par le spectacle. Donc non, à un moment donné, on débranche le cerveau aussi.

 

N.G : Et sur tous les événements que tu as pu voir ou même ceux sur lesquels tu as travaillé, est-ce qu’il y a un ou deux événements qui t’ont particulièrement marqué au-delà des JO et dont tu te souviendras toujours pour peut-être des fois des anecdotes, des péripéties ou l’émotion par exemple ?

 

I.L : Alors, il y a des événements qui prennent, on va dire différemment. Les demi-finales du top 14 à Bordeaux, c’était le premier événement avec mon équipe qu’on avait montée à Bordeaux. On en avait bien sué. C’était quand même un peu compliqué. Voir l’effervescence des demi-finales du top 14, c’est toujours des événements un peu atypiques. C’est très cool. Ici, on a vécu une ouverture de site assez démentielle entre la partie politique, la journée, l’ouverture des gymnases, la partie institutionnelle, puis après, le fait que le Paris Basket jouait, la magie des téléphones quand ils s’allument et on se dit ça y est, ça prend. On a l’émotion et cette salle va prendre et ça, c’est cool. Après, il y a d’autres événements comme les attentats au Stade de France aussi qui marquent.

 

N.G : Tu étais sur place ce jour-là ?

 

I.L : Oui, j’étais sur place à ce moment-là. Et puis, des événements mice, des gros mice au Stade de France qui étaient très sympas à monter. Et sur les mice, on fait souvent tout de A à Z. Et c’est aussi sympa, mais ce que je retiens, c’est quand même la cohésion de l’équipe, le fait de se sentir épaulé et puis le fait que l’émotion prend.

 

N.G : Alors juste sur le Stade de France, du coup, forcément, c’est quelque chose qui a touché tous les Français. Chacun sait où il était ce soir-là. Toi, tu étais aux commandes, aux opérations au Stade de France. Où est-ce que tu es et à quel moment tu apprends finalement ce qui se passe ? Parce qu’il y a eu un temps un peu forcément d’inertie, le temps de comprendre ce qui se passait et que les informations remontent.

 

I.L : Nous, on est tous sur talkie au Stade de France, donc on a l’info assez rapidement. On attend les consignes du PC Sécurité et après, on se déploie. Je mets mes équipes à disposition du PC Sécurité et des différents aléas, y’a pas la police ou autre.

 

N.G : C’était un France-Allemagne, si je ne dis pas de bêtises. La décision, et je pense qu’on peut saluer là encore les personnes qui l’ont prise, a été de ne rien dire au public tout de suite, de poursuivre le match finalement. Éviter le mouvement de foule voilà la peur et de permettre à tout le monde de ressortir dans des bonnes conditions parce que on le sait aussi quand on fait des événements grand public il y a une tonne de dangers mais presque le danger le plus grave c’est celui du mouvement de foule où là, surtout à 80 000 personnes on l’a vu des événements si on monte très loin des événements footballistiques où c’était même pas forcément les violences dans les stades mais le mouvement de foule généré par la violence dans le stade qui a été le plus meurtrier. Donc, on peut vraiment encore saluer tous les gens, dont toi, mais tous les gens qui ont permis de garantir la sécurité de tous les spectateurs ce soir-là.

 

I.L : Oui, tout à fait. Les actions ont été bien mises en place.

 

N.G : Et si on fait un peu de prospective dans cette belle Adidas Arena, est-ce que, alors peut-être c’est déjà en projet, mais quel est l’événement le plus dingue que tu rêverais d’organiser ici ?

 

I.L : Qu’est-ce qu’on pourrait faire de dingue ? J’aimerais bien faire un événement avec Adidas qui est notre namer, avec qui on travaille en étroite collaboration depuis le début et qui s’investit vraiment dans l’Adidas Arena, en tant que namer, mais en tant qu’organisateur, j’aimerais bien faire un événement avec eux où on pourrait allier le sportif et un concert, par exemple, et mettre en valeur la marque et du coup mettre en valeur l’Adidas Arena au travers de l’organisateur qui est Adidas.

 

N.G : Pour qu’on se rende bien compte, Adidas, c’est évidemment une marque mondiale, mais c’est la première fois qu’Adidas associe son nom dans le cadre d’un naming avec un lieu, que ce soit ici ou en Allemagne, aux États-Unis, partout dans le monde. C’est le seul lieu Adidas au monde. C’est vraiment aussi un choix et effectivement une synergie entre Adidas, ses valeurs, le côté urbain et puis la salle avec également ses valeurs.

 

I.L : Adidas, c’est une chance pour nous. C’est très cohérent comme choix de namer. Et surtout, c’est une relation au quotidien. Ils sont très investis dans les différents choix, dans le design des lieux. Et ça se passe très bien, surtout. Donc ça, c’est très agréable de travailler avec eux.

 

N.G : Une aréna comme celle-ci, forcément, elle s’inscrit dans son temps. Et aujourd’hui, on est dans un temps où, côté événementiel, comme dans toute la société, on est pris par des enjeux, notamment environnementaux. Est-ce qu’il y a des choses particulières qu’on va retrouver ici, qu’on ne retrouve pas dans un autre lieu événementiel, par exemple ? Parce que ça a été pensé pour et on a déjà des années d’avance sur l’événementiel.

 

I.L : Oui, tout à fait. Dans la construction du bâtiment, on a une aréna qui est moins énergivore que d’autres. Il y a des panneaux solaires sur le toit qui permettent de consommer moins. On a aussi un accueil pour les personnes à mobilité réduite qui a été bien réfléchi, bien pensé. On a une norme là-dessus et l’Adidas Arena accueille facilement, notamment pour les JO, mais aussi pour notre usage quotidien. Donc oui, elle a été bien réfléchie et bien pensée.

 

N.G : Si on revient un petit peu sur toi, quels sont tes prochains défis personnels et professionnels ?

 

I.L : Personnels, c’est assez facile parce que j’ai un ventre tout rond.

 

N.G : J’ai cru voir.

 

I.L : Voilà, donc ça, c’est assez facile. Professionnels, on arrive dans l’année 2 de l’Adidas Arena, donc on a délivré beaucoup d’événements. Là, ma vision management, c’est de structurer un peu plus les équipes, de processer aussi bien Adidas Arena, mais aussi au niveau des groupes pour gagner en delivery, pour améliorer l’accueil organisateur et de nos clients B2B et B2C. Donc là, on travaille avec les équipes sur les différents process.

 

N.G : Et dans 10 ans, tu feras quoi ?

 

I.L : Alors, je n’en ai aucune idée pour l’instant, mais on peut se dire que j’aime les projets, les nouveaux projets, les nouveaux défis. Donc, j’espère qu’il y aura un nouveau stade ou une nouvelle arena en construction dans 10 ans. On verra ce qui se proposera.

 

N.G : Je crois que le Paris Saint-Germain a des projets.

 

I.L : On va voir ça.

 

N.G : Merci à toutes et à tous. Merci Isabelle.

 

I.L : Merci beaucoup à toi.

 

N.G : Et surtout, n’oubliez pas, dans l’événementiel, on n’a pas un métier facile, mais c’est quand même mieux que de travailler.

 

I.L : C’est pas faux !