Dans ce nouvel épisode, Nicolas Guillermou part à la rencontre de Damien Magnin, régisseur événementiel de terrain, en immersion totale dans l’un des plus grands défis logistiques de l’année 2024 : la tournée de la Flamme Olympique à travers la France !
De la date symbolique du 8 mai à Marseille aux montages éclair dans chaque ville-étape, Damien partage les coulisses d’une opération exceptionnelle, entre coordination millimétrée, pression quotidienne et passion du terrain.
Un épisode exclusif pour découvrir le quotidien des pros de l’événementiel sportif, un an après, jour pour jour, le début du parcours de la Flamme.
N.G : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le podcast Good Morning Event. Aujourd’hui, je suis avec Damien. Damien, bonjour.
D.M : Salut Nico.
N.G : Alors, je vais te faire écouter quelque chose, on va voir si ça te parle.
D.M : Allez, envoi.
N.G : Je pense que tu l’auras reconnu, vous l’aurez tous reconnu cette musique ?
D.M : Je l’ai entendue quelques fois l’année dernière, si ma mémoire est bonne.
N.G : Je pense que ta mémoire ne te fait pas défaut, alors on va y revenir tout de suite. Mais tu t’appelles Damien, tu es notre invité aujourd’hui, car on fête ce 8 mai, l’anniversaire de l’arrivée de la Flamme Olympique à Marseille, tu as été régisseur pendant presque, et on y reviendra, toute la tournée de la Flamme Olympique à travers la métropole. Alors pour rentrer tout de suite dans le cœur du sujet, raconte-nous. Où tu es et ce que tu fais le 8 mai à Marseille pendant que des centaines de milliers de personnes sont dans la rue et que des millions d’autres sont devant leur télévision ?
D.M : Le 8 mai à Marseille, il est 11h. C’est le début de la plus grosse OP que je vais avoir à gérer depuis que je fais ce métier. On part pour une tournée de trois mois. Donc la première date à Marseille avec un peu de pression forcément, tu sais que déjà toute la France va regarder ce qui va se passer, mais aussi le monde entier, en tout cas tous ceux qui s’intéressent au sport. Et forcément, tu sais que c’est quelque chose de gros qui est à venir, avec de beaux enjeux. Et à 11h, on est prêts heureusement, on est prêts à jouer comme on dit, et on avait fait le montage la veille. sur le parvis du Vélodrome de Marseille, un très beau site. On avait eu la chance de pouvoir monter en J-1. Donc ça, c’était un confort qui enlève la pression du début, sachant qu’après, on va partir sur une tournée avec un démontage tous les soirs et un montage tous les matins. Donc là, c’est vraiment notre première répète. Mais c’est aussi celle où on n’a pas le droit à l’erreur, parce que forcément, la première date compte énormément, tout comme les autres dates, tout comme la dernière, mais la première et la dernière, c’est quand même deux dates très à part.
N.G : On va y revenir un petit peu, mais on va rembobiner quelques jours en arrière de ce 8 mai. Quand et comment est-ce que tu es approché pour ce rôle de régisseur autour de la flamme olympique, justement ?
D.M : J’ai été approché par Paul, Paul Augusseau, avec qui j’ai travaillé notamment sur le Tour de France, mais que j’ai connu il y a un paquet de temps à Roland-Garros, le petit monde de l’événementiel. On s’est croisés sur le Tour de France et on s’y croise depuis pas mal d’années. Paul, c’est un chef de projet, directeur de production, chef caravane, un multi-casquette comme moi. C’est quelqu’un que j’ai connu quand j’étais sur Roland-Garros. Lui, il était, si je me souviens bien, en stage ouvrier. Donc, il était tout jeune. Et moi, j’étais en charge d’autres missions. Et donc là, on est au 8 mai, mais en fait, ça fait déjà six mois qu’on parle de ça, qui m’a déjà approché avant l’hiver, savoir ce que je faisais après l’hiver, qu’il y avait quelque chose de gros dans les tuyaux et qu’il aurait besoin d’une dispo sur pas mal de mois et de jours consécutifs. Donc ça, c’est vraiment les premiers échanges que j’ai avec lui, sans savoir de quoi il en retourne, en me doutant que ça a un lien avec les Jeux Olympiques, forcément. Parce qu’on sait que c’est une grosse année pour le secteur qui arrive. Et puis voilà, quelques semaines plus tard, il me confirme ça. Et il me confirme donc que c’est pour les JO, pour la tournée de la flamme olympique. Donc là, je suis au téléphone avec lui, il ne s’en rend pas compte, mais j’ai les yeux qui pétillent, puisque bosser sur un événement comme ça, c’est vraiment assez incroyable. Ça booste énormément. Et puis à côté de ça, ça fait plaisir aussi dans le sens où je me dis, on me propose une telle mission, ça veut dire qu’on me fait confiance et ça, c’est chouette.
N.G : Sur cette tournée, il y avait plusieurs équipes autour de la flamme olympique. Est-ce que tu peux nous redire, du coup, alors tu bossais pour le groupe BPCE qui était l’annonceur, quels étaient un peu les contours de cette mission que tu avais, les équipes que tu avais à gérer ?
D.M : Oui, tout à fait. Donc j’étais pour, comme tu viens de le dire, BPCE, qui était le partenaire principal des Jeux olympiques en France. Nous, on était impliqués vraiment sur la partie célébration en fait sur le convoi de la flamme olympique sur l’ensemble de l’événement on a dissocié la partie convoi et la partie, ce qu’on appelait la célébration, donc la célébration ça regroupe en fait le lieu d’arrivée de la flamme olympique et un petit truc qui n’est pas négligeable l’allumage du chaudron c’est pour ça que c’était vraiment la fête autour de ce symbole-là, du Chaudron Olympique. C’est pour ça qu’on a appelé ce site le site Célébration. Donc les deux équipes, on y reviendra plus tard, mais j’ai fait aussi un petit passage sur le convoi en remplacement. Donc j’ai pu vraiment voir l’événement dans sa globalité. Et moi, ma mission, j’étais vraiment en charge d’une superbe équipe dissociée en deux, une équipe de montage, une équipe démontage, qui s’occupait d’installer tous les décors pour tous les performeurs qui vont faire le show avant l’allumage de la flamme olympique. Donc ça, c’est vraiment sur la dalle sportive, le site où le chaudron est allumé. Et autour de ça, on peut imaginer un petit village, un village des partenaires où sont représentés les partenaires principaux, les collectivités, etc. Et donc nous, là-dessus, on avait également un dispositif pour BPCE, donc un conteneur pop-up pour Banque Populaire, un conteneur pop-up pour Caisse d’épargne, avec leurs deux univers qui sont représentés, à savoir les jeux de ballons, pour résumer, pour Caisse d’épargne, le basket et le hand, et principalement la voile pour Banque Populaire. Donc voilà, sur ces deux thématiques-là, il faut imaginer deux portes-conteneurs, qui trimballe ça pendant trois mois avec le montage de ce petit village. Donc c’est des conteneurs pop-up, ça s’ouvre à droite, à gauche, on fait une terrasse au-dessus. Donc énormément de montage et un rendu qui doit être similaire du début à la fin de la tournée. Donc moi je supervisais ça et je supervisais aussi l’équipe logistique dans laquelle tu as pu venir pour te rapprocher au plus proche du chaudron. Donc vraiment tous les décors, des performeurs qui venaient danser, célébrer et faire un show avant l’allumage final du chaudron.
N.G : Oui, comme tu le disais, j’ai eu la chance d’être reçu par toi début juin sur les tables de la Baule en Loire-Atlantique et de pouvoir passer la journée avec tes équipes sur la fin de l’installation, sur la mise en place justement de tout le protocole avec les shows sur la dalle et puis jusqu’à l’arrivée du chaudron final et l’allumage, l’arrivée de la flamme ensuite et l’allumage du chaudron. Donc c’était vraiment un moment extrêmement sympathique et je te remercie encore de m’avoir permis de vivre tout ça à tes côtés.
D.M : Merci à toi aussi de venir comme ça, un petit coup de fil. On sait toujours qu’en dernière minute, ça peut marcher comme ça ne peut pas marcher selon les dispos de chacun. Et puis là, t’as pris ton téléphone, t’étais pas loin et c’était un plaisir de te recevoir. Les équipes étaient très contentes d’avoir des bras en plus et un cerveau connecté à ses bras. Ça fait toujours du bien. On avait déjà bien entamé la tournée depuis quasiment un mois, je crois. Donc, au bout d’un mois, les équipes en ont déjà forcément pas mal dans les bras. Et puis, avoir un petit coup de main avec le sourire, ça fait toujours du bien. Donc merci à toi d’être venu aussi. C’était chouette de partager ce moment-là et de pouvoir aussi se rapprocher du chaudron. Je pense que même pour toi, c’était quelque chose. Et de voir cet allumage, on est tous les deux fans de sport, d’événementiel forcément par les métiers qu’on fait, mais c’est un peu, je pense, des vocations pour toi comme pour moi, ce qu’on fait. Donc je pense qu’on avait un peu la même idée de la chose et le même plaisir à réaliser tout ça.
N.G : Je te confirme, c’était beaucoup d’émotion. Et comme tu le disais bien, vous, vous étiez déjà pratiquement après un mois de tournée, donc vous étiez bien rodé. Justement, sur l’amont, tu parlais d’un montage la veille du 8 mai, mais en termes de montage à blanc, de filage et puis également de confidentialité. Comment ça se passe peut-être sur ces derniers jours d’avril 2024 et ces premiers jours de mai ?
D.M : Déjà, là, tu te rends compte quand tu arrives sur une OP comme ça, chose que les détails un peu auxquels moi j’avais même pas pensé, on va communiquer sur des réseaux sécurisés, c’est-à-dire qu’on oublie le WhatsApp, tout ce qui est un peu sensible en termes de données, et même pas sensible, on va se dire tiens les horaires d’hôtel etc. Et bien direct, dès la première réunion, on te dit ça part sur un réseau sécurisé, il faut rejoindre telle discussion etc. Donc là, ça te remet une petite couche et tu dis ouais c’est du sérieux. C’est vrai que les JO c’est sensible, ça va être regardé, ça va être convoité. Et en fait, moi je suis en plein dessus, je suis sur un dispositif qui va passer à la télé presque tous les jours. Et donc ça te remet un petit warning tu vois. C’est un petit rappel à l’ordre, ce n’est pas que de l’amusement ce métier, il y a aussi une grosse part très sérieuse et un peu sensible sur de tels événements. Donc ça commence comme ça, sur cette messagerie sécurisée. Et après, moi, écoute, j’ai l’habitude d’être intégré un peu dans les réunions de préparation, d’avoir les visuels assez tôt, etc. Moi, j’ai découvert tout ça très tardivement. Je n’ai pas demandé à les avoir avant parce que je me doutais que c’était forcément des infos aussi un peu sensibles pour conserver la surprise et qu’il n’y ait pas de fuite. Je me suis dit, de toute façon, les conteneurs seront de telle couleur ou de telle couleur, ça ne me changera pas la vie. Mon boulot, c’est de gérer qu’ils soient installés, etc. Je ne me suis pas du tout formalisé là-dessus. Et puis quand j’ai eu les infos, j’étais très content de découvrir ça, de voir que ce qui avait été construit, ça donnait vraiment un très beau rendu avec les deux univers qui étaient vraiment très bien représentés. Donc voilà, c’est une réunion en présentiel, notamment sur les structures chauds, avec les performeurs, une partie de l’équipe logistique, dans les locaux, donc d’Ideactif Théobora, qui était en charge de cette mission. De la réalisation de cette mission, de la construction des décors. Donc ça, c’était pendant, je crois que c’était au mois de mars, quelque chose comme ça. Donc là, déjà, un pied dedans un peu plus concret. Et puis après, on se donne rendez-vous de mémoire en avril, début mai, fin avril, début mai, pour un montage à blanc. Donc à côté des locaux d’Idea Active Théobora. On fait venir la grue, on transporte les conteneurs, on fait le métrage. On se met, pour te donner une idée, dans un parking en gravier, tu vois, des locaux qui étaient à côté de Théobora. Et on se dit, là, en fait, on est au Vélodrome. Donc, il faut un peu d’imagination, mais ça, on a l’habitude. Et donc, moi, je fais mon métrage, on installe les conteneurs, on se dit, OK, tac, et ça part comme ça.
N.G : Et après, du coup, sur la partie Marseille, vous vous retrouvez quand à Marseille ? En amont du 8 mai ?
D.M : Alors après, on se donne rendez-vous, je ne sais plus si c’est un ou deux jours avant le départ, encore une fois dans les locaux D’Ideactif et Théobora, pour charger les conteneurs, s’assurer qu’on n’a rien oublié. Donc ça représente quand même beaucoup de matos, ça représente des camions 20 m3, ça représente deux conteneurs maritimes qui sont remplis. Parce qu’au delà des conteneurs, il y a tout un décor, il y a besoin d’outils. Chaque équipe a besoin d’avoir la même chose. Donc il y avait tout en double, si tu veux. De quoi monter, de quoi démonter, les mêmes clés, les mêmes malles régis, tout en doublon. Pour être sûr que chaque équipe montage, démontage puisse avoir le matériel adéquat pour travailler tranquillement. Donc on part là-bas, on se retrouve tous là-bas deux jours avant, on prépare tout ça. Et puis après, on prend la route, ce joli petit convoi prend la route. Les conteneurs sont partis avant, forcément, avec les délais de transport poids lourds que ça impose. Et on fait un premier stop au milieu de la France, vers Valence. Et là, je rejoins tout ce beau monde. Et je découvre aussi l’équipe convoi, l’équipe d’animateurs qui est là. Tout le reste de l’équipe que je n’avais pas rencontré avant. Et ça représente une belle tablée. Je ne sais pas combien on est au total, mais déjà, nous, vraiment sur la partie logistique, célébration et montage village, on va dire, des conteneurs, il y avait deux équipes de sept. On était déjà une vingtaine d’impliqués. Tu rajoutes le convoi qui était là, tu en rajoutes dix. Donc une petite trentaine de personnes qui partent en colonie de vacances. Avec tout le monde la pêche dès le matin. Un très bon casting de la part des équipes d’Idéactif. Des gens que j’avais déjà vus, déjà côtoyés sur le Tour de France. Forcément, Idéactif étant très impliqué sur le Tour de France, il y a eu un casting qui était très axé sur le personnel qu’ils connaissaient. Et forcément, quand tu as plusieurs tours de France à ton actif, ça rassure un petit peu sur le fait que tu partes en tournée, que chaque jour tu vas dormir dans un hôtel différent, chaque jour tu vas travailler dans une ville différente. Partir trois mois, c’est encore différent que partir trois semaines sur le tour, mais disons que quand tu connais tes équipes, et c’est ce qui a très bien joué Idéactif, ils ont pris que des gens fiables. Ça, c’était top. Petit stop à Valence, rencontre de toutes ces équipes, et puis après, go à Marseille. Et un repérage direct du site le soir, la veille, avec une installation à la Cité du Cinéma de Marseille. Un deuxième montage à blanc, en fait. Là, on s’est réinstallé, à être sûr que tout était prêt. On a dû faire des petites retouches, parce que le transport avait déjà abîmer les décors mais très légèrement tu vois donc on a déjà bricolé la veille la l’avant veille de l’allumage de la flamme du chaudron et donc la veille du gie moins un de notre montage à blanc donc on a eu un prêt montage à blanc à marseille à la cité du cinéma qui nous a ouvert ses portes parce que forcément faut de la place faut que ce soit sécurisé aussi et là bas c’est un très beau site on a fait ça et après go le lendemain matin arrivé à Marseille au Vélodrome. On était forcément les premiers sur place. Moi, j’ai un petit défaut, c’est que j’aime bien être en avance. Comme ça, je sais que mes camions, ils passent en premier. Et puis, du coup, c’était le cas. On est arrivé en premier là-bas et on a commencé à s’installer en J-1. Donc, assez confort au final, en tout cas sur le timing de début de mission avec la possibilité de monter, comme je te dis, en J-1, de faire ce pré-montage à blanc, à la Cité du Cinéma. Donc, tout ça, ça rassure pour le jour J et pour être sûr aussi que le show va se passer comme prévu parce que comme je te disais sur une tournée comme ça t’as pas le droit à l’erreur tu peux pas te dire bon bah demain on fera mieux non, demain on fera ce qu’il faut faire mais aujourd’hui on fera mieux que mieux.
N.G : Alors cette tournée de la flamme ce relais de la flamme même pour reprendre le bon terme comme beaucoup de choses qui ont été incroyables dans ces Jeux Olympiques Ça sort de la tête d’un certain Thierry Reboul, qui était le fondateur d’Ubi Bene et qui a quitté sa société d’événementiel pour se livrer à 100% pendant six ans sur ce projet des Jeux Olympiques. Et je te propose qu’on écoute un petit extrait du podcast La Pause, où Thierry revient sur ce choix de Marseille comme première étape pour le 8 mai.
« Ça a une place dans mon coeur l’arrivée de la flamme à Marseille parce que c’est vraiment quelque chose que j’ai créé avec mes équipes perso. Ça a vraiment été fait in house. T’as appelé les copains là-bas, t’as appelé les gars. Avec l’appui d’une agence d’événements, l’agence Emco en l’occurrence, qui nous a assistés sur ce projet. Non, j’étais heureux parce que, d’abord parce que Marseille. Parce qu’il faisait beau, parce que là les dieux étaient avec nous. Pour l’anecdote, quand je suis arrivé avec l’idée que la flamme revienne de Grèce en bateau, et à Marseille, je me souviens encore du petit sourire en coin de Tony. Parce qu’on a cette petite blague. C’était quoi ? C’était le bateau ? C’était Marseille ? C’était un peu Marseille. C’était une petite blague entre nous. Tiens, ça pourrait étonner que ça n’arrive pas à aller. Mais force est de constater, en dehors du fait que déjà Marseille était au cœur des Jeux, puisque site olympique de la voile, c’était compliqué de contrer le fait que les Grecs avaient fondé Marseille déjà, Massilia. Ils allaient donc refaire le chemin pour ramener le feu sacré. Donc ça, c’est le premier point. C’était légitime. On était ravis. J’étais content que cette flamme revienne en bateau déjà, pas en avion. Il y avait toute une série. C’était cohérent avec notre discours, notre politique, notre vision, etc. Et puis ensuite, il y a le fait que, là encore, on arrive à faire consensus dans une ville qui pourtant est politiquement agitée, avec des territoires pas forcément tous très potes les uns avec les autres, qu’ils se rangent tous derrière cette idée. Et surtout, c’est une espèce de prémisse pour moi, et on l’a réalisé assez vite derrière de la cérémonie d’ouverture et de ce qu’elle a déclenché, c’est que c’est la première étincelle. On se rend compte quoi ? Que quand on a une ambition folle, les gens nous suivent, que les 200 000 ou 250 000 Marseillais qui sont présents ce jour-là sur le Vieux-Port, il n’y a pas l’ombre d’une anicroche. On parle de problème de sécurité ici, il n’y a rien du tout, tout est parfait. Tout est parfait et surtout ça génère un enthousiasme qui fait que personne, y compris un Marseillais, ne nous engueule parce qu’on bloque la moitié de la ville. Bref, les mêmes ingrédients et exactement les mêmes effets que ce qu’on va vivre, deux mois plus tard. »
N.G : J’imagine que ça te rappelle des souvenirs.
D.M : Oui, ça me parle pas mal. C’est vrai qu’il aborde le sujet de la sécurité. Déjà, sur la flamme olympique, tu y penses. Et pour avoir déjà bossé à Marseille sur d’autres événements, on a toujours dit dans le milieu, Marseille, c’est chaud. Et ça s’est super bien passé, encore une fois, comme il dit. On bloque des routes, etc. Sur tous les autres événements sur lesquels j’ai bossé, tu te fais toujours insulter. Là-bas, pas de problème. Vraiment un superbe accueil. Et c’était génial de vivre ça. Pour une première date, ça rassure aussi pour la suite. Tu te dis, si on a fait Marseille comme ça, le reste, ça va dérouler.
N.G : Et ça a déroulé. Ça a déroulé jusqu’au bout. Alors, il y a certainement eu des petites choses que nous, on n’a pas vues de l’extérieur, que toi, tu as pu voir, mais globalement, cette tournée de la flamme a été incroyable. Quasiment aucun incident, quasiment il y a eu des petits suspens, un chaudron qui met un peu de temps à s’allumer, des petites choses et puis au final, une réussite des millions de Français dans les rues, partout sur le territoire, en métropole, en Outre-mer. Et puis, ça a été le lancement jusqu’à la réussite aussi des JO derrière. Donc, ça a été vraiment un peu le premier étage de la fusée du succès des JO.
D.M : Oui tout à fait. Et c’est vrai que, comme tu dis, c’est vraiment la première stratégie. Et tu te dis, si ça s’est bien passé comme ça, ça peut être que l’apothéose pour la suite. Et quand j’ai regardé la cérémonie d’ouverture, comme je pense beaucoup de gens, derrière le petit écran, je me suis dit, « waouh », c’est magique ce qu’on a fait, tu vois. Et pourtant, je n’étais pas du tout impliqué sur la cérémonie d’ouverture, mais en ayant été impliqué sur l’amont, Tu te sens vraiment dans l’événement, dans sa globalité, et tu te dis « Waouh, la France, ça fait quelque chose de fou » . Et on a montré, nous, le secteur de l’événementiel aussi, au monde entier, qu’on savait faire. Parce que les JO, avant que ça soit lancé, ça n’avait pas la meilleure presse, notamment en France, sur l’organisation. Tout le monde avait un petit peu peur, il y avait beaucoup de critiques, etc. Donc on avait aussi cette pression-là. en plus de la pression, du défi technique et logistique sur le terrain, tu t’y attends. On nous attend au tournant. Moi, je suis dans l’événementiel depuis que j’ai 20 ans. Je n’ai 40 l’année dernière, 40 l’année des JO. 20 ans que tu fais ça, tu te dis, attends, on ne va pas passer pour des guignols. On sait faire. Ça fait 20 ans qu’on sait bien faire. Là, on va montrer qu’on sait faire. J’ai trouvé que sur toute la globalité de l’événement, on avait fait vraiment une belle prestations et quasiment une démonstration de notre savoir-faire. Et ça, ça m’a fait vraiment plaisir pour l’ensemble de notre corporation.
N.G : Je suis vraiment comme toi là-dessus. Moi, j’avais totalement confiance sur notre capacité en France à bien organiser. Pour le coup, je n’ai pas été déçu parce que ça s’est très bien organisé. Et tu m’as fait une belle passe décisive parce que je voulais justement qu’on remonte un petit peu sur le fil de ta carrière et qu’on revienne 20 ans en arrière. Si je ne dis pas de bêtises, toi, ta première vocation professionnelle, c’est un peu la neige, c’est d’aller faire des saisons de sport d’hiver. Et puis, en fait, l’événementiel va venir un peu comme un complément. Une fois la saison terminée pour occuper la deuxième moitié de l’année, c’est là où tu rentres dans cet univers de l’événementiel. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus sur cette période ?
D.M : Exactement. Moi, j’ai toujours été passionné de montagne, de neige. Forcément, ça se passe l’hiver en tout cas en France. Et l’été, il fallait bien combler. J’ai fait beaucoup de sport dans ma jeunesse. J’ai fait presque 12 ans de tennis, j’ai encadré des jeunes, j’ai fait beaucoup de choses. Et j’ai eu la chance d’avoir une opportunité de travailler sur le Mondial Paris Cadet. Ça, c’est mon tout premier événement. C’était un tournoi de tennis qui n’existe plus, qui était une sorte de, on va dire un peu un pré-Roland Garros Junior. Et puis du Mondial Paris-Cadet, ça s’est vite enchaîné parce que je me souviens d’un coup de fil qui me demande si je suis dispo pour faire le Tour de France. Donc ça s’est super bien enchaîné. Et du Mondial Paris-Cadet l’année d’avant, j’avais mis un pied à Roland-Garros. Donc moi, ma carrière événementielle, elle a commencé avec, grosso modo, Roland-Garros et le Tour de France. Donc quand t’es minot, quand t’as 20 ans, tu t’en rends pas compte, parce que bon, je travaille sur Paris, tout va bien, c’est les événements qu’il y a là, c’est un peu classique de faire ça. Et puis maintenant, avec le recul, je me dis, j’ai quand même commencé par, si t’enlèves la Coupe du Monde, les deux plus gros événements, la Coupe du Monde de foot, si t’enlèves ça, c’est les deux plus gros événements qu’on a en France. Le Tour de France et Roland-Garros en termes d’événements sportifs. Donc c’était vraiment une belle chance, des belles opportunités que j’ai su saisir aussi, des gens qui m’ont fait confiance à ce moment-là. Et puis derrière, ça a donné qu’au début, je me suis dit je vais faire ça un temps. Et au final, ça fait 20 ans que je fais ça pendant un temps. Donc un beau début comme ça. Et puis toujours l’hiver en station. Je trouve ces deux univers qui se complètent bien, en tout cas en termes d’activité professionnelle. C’est vrai que l’événementiel est quand même un peu plus calme l’hiver. Et très rapidement, j’ai eu un peu tous les sons de cloche. On m’a dit, si tu n’es pas dispo à l’année, ça va être compliqué de continuer. Comme je viens de le dire, ça fait quand même 20 ans que je continue. Et à côté de ça, on m’a dit, c’est très bien, de toute façon, l’hiver, on n’a pas grand-chose. Et en fait, très rapidement, tu vois, quand le soleil est là, quand on termine la saison, je l’ai terminé hier, je suis rentré chez moi hier. Il y a deux jours, j’étais encore sur les skis. Et le téléphone commence à sonner. Et la preuve en est, cette année, c’est toujours pareil. Il y a deux semaines, je n’avais pas de boulot en juin. Puis il y a deux semaines et un peu moins de deux semaines, maintenant, j’ai du boulot. Donc le téléphone sonne toujours en fin de saison. Le réseau un peu que j’ai a pris le pli du fait que l’hiver, je ne sois pas dispo et que l’été, je le sois. Et du coup, j’ai toujours cette chance d’avoir le téléphone qui sonne à la fin de l’hiver. À côté de ça, j’arrive aussi à travailler sur quelques événements l’hiver. Quand je suis dispo, j’arrive à faire quelques salons les week-ends. J’aime pas dire non à un client habituel, ou alors, il y a aussi des événements sur lesquels j’aime bien travailler. J’ai réussi à être impliqué sur des événements en station. des tournages publicitaires, tu vois, quand on cherche un caméraman qui sait ce qui est, ou un régisseur qui sait ce qui est, forcément il n’y a pas 10 000 profils, donc ça, ça aide bien. Et sur la partie hivernale, j’ai aussi eu la chance de travailler pendant 6 ans sur la Grande Odyssée, la course de chiens de traîneau, réputée comme la plus difficile au monde, qui traverse toute la Savoie et la Haute-Savoie, qui traverse les Alpes françaises, et donc ça, c’était une superbe expérience, et pour moi particulièrement, parce que ça a vraiment mêlé mes deux activités, hivernale et estivale.
N.G : Parce qu’il faut le dire, tu ne l’as pas dit, mais les saisons, tu commences par les métiers un peu du CHR, mais ta passion pour cet univers de la montagne fait que tu t’entraînes, tu te prépares et tu passes les concours jusqu’à devenir pisteur secouriste. Donc c’est vraiment, quand tu parlais de savoir skier, j’ai l’impression de savoir skier, mais je pense qu’on est à des années-lumière en termes de niveau.
D.M : Oui, c’est vrai que je n’ai pas parlé de ce que j’ai fait exactement en saison, mais l’idée principale, c’était vraiment d’aller travailler à la montagne. Je trouve le décor sublime, c’est magique d’être là-bas tout l’hiver, de quasiment pas prendre sa voiture de l’hiver. Je pense que ça va en faire rêver plus d’un. Tu passes six mois les pieds dans la neige, ton boulot, c’est entre autres de skier, mais c’est quand même beaucoup ça. Quoi qu’il arrive, tu te déplaces toujours là-dessus. Et pour arriver à ça, il a fallu apprendre à skier. Moi je suis né à Paris, donc j’ai eu la chance d’avoir des grands-parents qui étaient quand même en station de ski, qui avaient un pied-à-terre en station de ski. Et j’y suis allé dès tout petit donc ok je savais un peu ce qui est mais j’ai vite fait du snowboard et puis après je suis arrivé dans les saisons j’ai pris le secteur où il y avait du boulot le secteur où il y avait du boulot c’était l’hôtellerie restauration j’ai commencé là dedans. J’ai vu qu’il fallait travailler le soir pour être là-bas donc j’ai été très rapidement barman puis responsable de bar notamment aux arcs et là ça m’a laissé toutes mes journées pour travailler mon ski, et me mettre vraiment sur les lattes, comme on dit. Et donc, j’y étais quasiment tous les jours, tous les jours pendant cinq hivers consécutifs. Après, je suis arrivé à Val d’Isère, j’ai passé mes tests techniques. Et puis, le test technique, c’est une descente à ski sur laquelle tu es noté. Et ça, c’est le premier pas pour être pisteur secouriste. Et donc, tu vois, quand j’en parle avec ma grand-mère, moi, je m’en souviens mal, mais quand j’étais ado, je disais déjà que je voulais faire ce métier-là. que ça avait l’air chouette d’être sur les skis comme boulot et du coup, ben voilà, j’y suis donc ouais, je suis pisteur depuis 10 ans, ça fait 20 ans que je fais les saisons et je suis pisteur, je suis artificier aussi, je suis niveologue, météorologue donc étude de la neige et de la météo et puis voilà, ouais une belle paire de saisons. Une dizaine de saisons à passer à faire ce métier là.
N.G : Ton amour de la montagne, on va le retrouver aussi au-delà de la Grande Odyssée, sur d’autres épreuves. Pendant pas mal d’années, tu as été sur l’UTMB, tu es également sur la Maxi Race. D’ailleurs, l’UTMB, peut-être que tu peux nous raconter un peu ce que tu faisais. Et puis, je crois qu’il y a eu un petit clin d’œil l’année dernière sur cette tournée de la flamme, parce que, je le dis, tu n’avais pas fait la tournée en entier, parce qu’après, tu reprenais le Tour de France. Donc, tu as dû quitter la tournée avant la fin. Mais ta dernière étape s’est faite à Chamonix aussi, je crois.
D.M : Oui, tout à fait. C’est vrai que l’année dernière, c’était une année marathon remplie de sprints. C’était la saison, full time, avec des petits pépins de santé côté genoux. J’étais un peu moins impliqué à la montagne l’hiver, mais après, c’était parti. J’ai enchaîné, comme tu viens de le dire, la flamme olympique, le Tour de France, et ensuite la flamme paralympique, et ensuite les JO paralympiques. Et donc là, je pense qu’à partir de là, l’année était déjà quasi écoulée. Et mon dernier jour, comme tu le disais, sur la flamme olympique, c’était à Chamonix. Et c’était encore une fois chargé d’émotions. Chamonix c’est toujours chargé d’émotions pour moi professionnellement. C’est très lié à l’UTMB. Ça faisait sept ans que je travaillais chaque année sur l’UTMB. J’ai vu le lancement des World Series, j’y ai contribué aussi à ma façon sur le plan logistique, sur la création du Wild Struggle par exemple. Donc arriver là-bas, finir là-bas et revoir aussi tous mes anciens collègues de l’UTMB qui étaient là. Parce que l’année dernière c’était la première année, donc depuis 8 ans, où je n’allais pas travailler sur l’UTMB. On s’était dit quelques mois en amont que de mon côté, ce n’était pas possible parce que la mission que j’avais sur les JO m’entraînait sur les paralympiques et il y avait un conflit de planning, un choix assez dur à faire, mais qui a été fait. J’avais passé sept belles années là-dessus, donc les premières années en tant que responsable logistique sous la coupe de Stanislas Degler. Un homme multicasquette là-bas sur l’UTMB qui avait ce rôle-là. Et puis quelques années plus tard, en tant que responsable de la zone départ-arrivée de la place Triangle, donc remis sur le monde de l’événementiel, on pourrait dire régisseur général de la place Triangle, qui est la zone de départ et d’arrivée, le gros site de l’UTMB. Donc forcément, une place à géométrie variable. Tu vois bien, il y a une course qui part dans un sens le matin. Le soir, c’est une autre qui arrive dans l’autre. Donc tu changes de config plusieurs fois dans la semaine, des fois plusieurs fois par jour, avec différents espaces qui sont créés quotidiennement pour les V.I.P, pour les journalistes, pour les coureurs, pour le public, avec une scène sur laquelle il y a différentes remises de prix, différents spectacles, différentes animations, des soirées avec des cinémas, des interviews. Tu vois c’est vraiment sur cette micro place qui est très très mal faite pour travailler entre nous on fait absolument tout ce qu’on sait faire dans notre métier événementiel c’est à dire que au niveau sportif tu vas voir un ravito tu vas voir un plateau télé tu vas voir un mur interview tu vas avoir un espace vip tu vas avoir une scène tu vas voir des dj sur cette scène concert tu voyais vraiment tout ce qu’on sait faire dans l’événementiel battu le retrouve là dans ces petits dans ces petits mètres carrés qui est qui est la place triangle au plein centre de Chamonix. Avec toutes les contraintes que ça implique, forcément, tu es en plein centre-ville, donc tu as des commerçants, tu as des habitants, tu as des livreurs, tu as des gens de tout corps de métier qui sont là, qui étaient tranquilles avant que toi tu t’installes, puis qui d’un coup n’ont plus la place de travailler, d’aller bosser, n’ont plus la place de stationner, etc. Donc il faut composer avec tous ces paramètres. Et c’était un vrai défi de travailler là-dessus pendant toutes ces années et d’apporter ce que j’ai pu apporté aussi là-bas en termes d’expérience tout mon background un peu event qui a permis je l’espère en tout cas de magnifier un peu cette place.
N.G : C’est vraiment endroit j’y suis allé pour la première fois il n’y a pas très longtemps et pour ceux qui n’avaient pas la référence l’UTMB c’est l’Ultra Trail du Mont Blanc. C’est une semaine de course, mais dont la course la plus emblématique fait, elle, le Tour du Mont-Blanc en passant par la Suisse et l’Italie. C’est à peu près 175 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé positif où les plus grands champions de trail viennent s’exprimer chaque année. Et donc, sur cette tournée l’année dernière, cette tournée du Relais de la Flamme, tu quittes justement le Relais de la flamme pour rejoindre le Tour de France que tu fais aussi depuis des années. Et là, tu travailles pour l’atelier Mandarine et pour l’agence Panenka, si je ne me trompe pas. Et tu es en soutien des caravanes, en soutien technique des différentes caravanes de Panenka. C’est bien ça ?
D.M : Oui, c’est à peu près ça. Effectivement, ça va être, je crois, mon 17e tour de France cette année. Donc, ça fait un moment que je le fais. J’ai commencé en tant que caravanier. Et puis, j’ai très vite basculé sur l’assistance technique. Mon côté bricole et débrouille a vite pris le dessus. Dès qu’il y avait un petit pépin sur la caravane sur laquelle j’étais chauffeur, j’intervenais dessus avant que l’assistance arrive. Et en amont, j’avais aussi participé à la préparation de ces caravanes à l’atelier. Et forcément, naturellement, on va dire, j’ai basculé les années qu’on suivit à l’assistance technique de la caravane publicitaire. Et donc, pour Mandarine, c’est presque la moitié des véhicules présents sur le Tour de France. Selon les années, la moitié, c’est peut-être exagéré. Je n’ai pas les chiffres exacts, mais pour nous, ça doit représenter à peu près 60 véhicules sur 200. Forcément, c’est du boulot. C’est trois semaines très intenses. Au tout début, j’attaquais très rapidement après l’hiver. J’allais bosser à Mandarine, mi-mai, fin mai, pour préparer les caravanes, finir un peu toutes les choses qui étaient à ma portée. Parce que forcément, t’imagines bien, il y a beaucoup de corps de métier qui sont dessus. Il y a des chaudronniers qui font toute la structure, il y a de la menuiserie, il y a des sculpteurs, etc. Et moi, je n’ai pas le niveau de ces gens-là. Mais par contre, je sais faire un peu de tout. Et c’est ça qui est important. à l’assistance et c’est grâce à mon immersion dans l’atelier aussi et les premières années que j’ai appris à faire ça. Puis quand tu as participé à la finalisation des caravanes, forcément tu les connais un peu mieux techniquement parlant. Donc dès qu’il y a un pépin, c’est plus facile d’intervenir sur un véhicule que tu connais, que tu as entre guillemets construit ou presque construit pour pouvoir le réparer. Et puis depuis toutes ces années, au fur et à mesure de travailler dans l’assistance, après, je suis devenu l’ancien de l’assistance et donc le responsable de l’assistance technique pour Mandarine. Il faut savoir que Mandarine construit des caravanes pour beaucoup de monde. Ils en ont fait pour Panenka, bien sûr, avec qui ils travaillent de manière très rapprochée. Ils en ont fait aussi pour Novabox et ils en ont fait aussi pour ASO. Donc ça représente pas seulement les caravanes de Panenka, l’assistance, mais ça représente un paquet. Ils en ont fait aussi à l’époque pour Uniteam, qui avait la grosse caravane Vittel. Donc ça représente vite, très rapidement, beaucoup de véhicules.
N.G : Alors, on l’a compris, tu as énormément de cartes entre tes mains. Justement, c’est quoi les qualités nécessaires pour être performant sur ce métier de régisseur ?
D.M : Il faut bien dormir. Tu vois, je dis souvent à mes équipes, prenez le sommeil quand il est là, parce que, par exemple, sur le Tour de France, tu n’es pas à l’abri de faire une nuit blanche. Quoi qu’il arrive, il faut que ça joue le lendemain. Donc, il faut que ça prenne le départ. S’il y a le moindre truc, un covering qui s’est décroché pour un truc simple, ou s’il y a eu un accrochage de voiture sur le retour de l’hôtel, et que toi tu es à 150 km de l’hôtel et que tu as déjà deux autres réparations prévues dans un ou deux hôtels différents, tu sais que tu es parti pour faire 300, 400, 500 km dans la soirée. Parce que quoi qu’il arrive, il faut que le lendemain ça joue. Donc on a un petit délai le matin, on a de la chance de pouvoir intervenir sur le parking caravane, ou en tout cas sur le parking technique, pour faire les petites réparations. Mais on ne va pas pouvoir faire les grosses, ou en tout cas celles qui nous prennent trop de temps. Donc on assure la chose la veille, en faisant les grosses interventions le soir, après l’étape, quand les véhicules sont arrivés à l’hôtel. Donc nous, ça nous impose une grande amplitude horaire. Forcément on n’intervient pas sur l’étape, si un véhicule peut continuer de rouler, il roule. Si ça représente un danger ou s’il n’est pas présentable parce qu’il y a eu un gros accident, il sort de l’étape et après on le récupère à l’hôtel. Donc quoi qu’il arrive, nous on ne va pas bosser l’après-midi. L’après-midi on est plutôt en train de faire le transfert, s’installer tranquillement à l’hôtel, faire les achats qu’il faut faire pour les réparations. Et on a un petit créneau à ce moment-là d’une ou deux heures avant que les caravanes arrivent. Et je dis souvent à mon binôme, c’est maintenant qu’il faut se reposer. Parce que ça se trouve, à minuit, 1h du matin, on y est encore. Et c’est souvent le cas. Donc une des clés, c’est ça. Savoir se reposer quand c’est possible pour pouvoir tout donner. Tu vois, avoir les batteries pleines avant d’attaquer le boulot, ça c’est impératif. Et il faut aussi, dans les métiers que je fais, être très souple. Et je pense avoir une adaptabilité assez forte. Puis se creuser les ménages parce qu’on est tout le temps en train de solutionner des problématiques, d’anticiper des problématiques. Je me souviens de la phrase d’Arnaud Peyroles dans le podcast, quand tu l’as interviewé, il disait on nous demande de prévoir le futur. Et c’est clairement ça. Donc il faut anticiper beaucoup et se dire là ça risque de nous poser souci, on va modifier avant que ça nous pose ce souci. Sur le Tour de France, t’imagines bien qu’un décor qui tombe sur la route avec des spectateurs autour, l’issue peut être dramatique pour la personne déjà et catastrophique pour l’image de marque. Donc ça, c’est clairement interdit. Donc dès qu’on a le moindre doute, on lève le doute. Donc il faut revenir à ta question dans les qualités nécessaires. Bien dormir, se creuser les ménages, essayer d’anticiper, avoir une vision à 360 de l’ensemble et de la problématique que tu peux avoir.
N.G : Et il n’y a pas d’école de régisseurs ? S’il y a un jeune ou une jeune de 20 ans qui vient te voir pour te demander ce que tu viens de me raconter, Damien, ça me donne très envie. Comment est-ce que je pourrais faire pour te ressembler professionnellement ? Quels seraient les conseils que tu pourrais lui donner ?
D.M : C’est marrant que tu poses cette question parce que je suis sollicité assez régulièrement et je bute un peu là-dessus. Je pense qu’il y a des formations qui se font maintenant. Régisseur, c’est un terme qui est devenu un peu fourre-tout, qui parle vraiment, en tout cas, régisseur événementiel qui ne va parler qu’à notre profession. Et moi, on m’a déjà dit, ah, t’es régisseur, tu t’occupes des lights. Non, pas du tout. Ah, tu fais le son. Non, mais par contre, je suis peu dépanné sur ce genre de choses. Je n’aurai jamais la qualité d’un sondier ou d’un lighter, mais je sais comment ça marche. Il faut être curieux. Pour moi, la meilleure école, en tout cas celle que j’ai faite, c’est l’école du terrain. Il faut réussir à pousser les portes entre ouvertes, chiner sur les réseaux la moindre opportunité. Sur le Tour de France, j’ai commencé en tant que chauffeur. Si c’est ta première porte ouverte, vas-y, fonce, prends ça. Et puis, tu arriveras à te faufiler. Pas hésiter à réseauter, à regarder ce qui se passe. Dès qu’il y a une demande en dernière minute, où l’agence va être un peu bloquée, pouvoir prendre un profil sans expérience, c’est toujours en dernière minute. Avant, il y a quand même peu de chances de se faire embaucher. Donc il ne faut pas hésiter à être là, à montrer qu’on est là. Et puis s’il faut annuler ses vacances pour se donner l’opportunité de changer de carrière et de faire ça, il faut le faire. Et après, en termes d’école et de formation, je ne crois pas vraiment qu’il y ait ça. Petit à petit, tu vois, bien, il y a des formations pour tout qui sont en train de pousser, mais je ne suis pas sûr que ce soit le plus intelligent à faire en tout cas le plus le plus parlant la meilleure formation c’est d’être sur le terrain et c’est d’arriver à se faire embaucher comme je disais si tu veux faire de l’organisation un peu général comme on fait de la coordination de prestataires bas faut commencer par des petits événements tu vois moi j’ai bossé aussi sur des sur des sur des petits trucs sur des petites courses le week-end j’ai fait du bénévolat la grande odyssée c’était du bénévolat mais pour moi c’était magique de bosser là dessus puis derrière ça t’ouvre des portes parce que ça m’a ouvert des portes des deux côtés. Tu vois, par exemple, la Grande Odyssée, ça m’a ouvert des portes des stations parce qu’ils se disent « Ah, t’as bossé sur la Grande Odyssée ? » Tout le monde a un peu flippé de la motoneige en station. La Grande Odyssée, quand t’en fais une, c’est 800 bornes de motoneige. Donc quand t’en fais six, autant te dire que les gens sont rassurés là-dessus. Ils savent que c’est des conditions aussi où on peut être amené à minuit, à deux heures du mat, à pelleter un chemin pour être sûr que la course passe le lendemain parce qu’il y a eu tempête. Donc, il ne faut pas hésiter à taper dedans, à se mettre des fois un peu dans le rouge ou en difficulté, sortir de sa zone de confort et se dire ok, vas-y, je tente le truc. Le succès de l’entrepreneuriat, de toute façon, c’est le fait d’avoir tenté. Tu as une idée, tu tentes. Je pense que ça, c’est le plus important. Et puis si ça ne marche pas, ce n’est pas grave, il y aura autre chose qui marchera, ou ça marchera plus tard. Toi qui es un entrepreneur aussi à multicasquette, je pense que tu vois très bien de quoi je parle quand je dis ça. Il faut essayer. Tu as envie de faire ça, tu essaies. Je sais que toi, tu n’arrêtes pas non plus parce que tu essaies. Et après, si ça ne marche pas, on fera autre chose. Ce n’est pas grave, il n’y aura pas mort d’homme.
N.G : Non, et puis en plus, si ça marche, ce sera encore mieux.
D.M : C’est d’autant plus gratifiant quand ça marche, ça c’est sûr. Et puis quand ça marche et que c’est une idée qui sort de ta tête, tu dis, ah, c’est cool. Ça, c’est quelque chose qui est plaisant dans notre métier aussi. C’est que pour beaucoup, on est auto-entrepreneur ou à notre compte, etc. Donc, quelque part, on a cette pression-là de ne pas avoir le droit à l’erreur, mais on a aussi beaucoup de liberté en termes d’amplitude, d’action et en termes de choix de travail, de choix de métier, et puis des fois, t’essayes un truc et ça marche pas, c’est pas grave, tu feras autre chose, et puis la chance qu’on a aussi dans notre métier, en tout cas pour moi, en termes de régie, c’est quand tu travailles sur un événement, c’est éphémère. Il y a quand même peu de gens qui ont cette chance-là de se dire, bah, ouais, mon métier il me plaît pas, mais bon, bah, faut que j’y retourne demain. Bon, bah, moi, cette mission-là elle me plaît pas, mais c’est terminé dans deux jours, donc tu vois, ça ira bien. Je dis souvent, tu vois « ça va, on n’est pas à l’usine ». Parce qu’il y a des gens qui y sont. Moi, j’y ai travaillé quand j’étais ado, en 3-8. Puis tu n’as pas le choix,tous les jours, tu y vas. Et ça, ça m’a peut-être formaté aussi à être plus libre professionnellement et à savoir ce que je veux et surtout ce que je ne veux pas. J’ai vu beaucoup de gens travailler avec moi qui faisaient ça depuis des années et qui étaient vraiment lessivés du truc, qui ne prenaient pas de plaisir au boulot. Et moi, je me suis dit que ce n’était pas possible avec tous les métiers qui existent à l’heure actuelle, je vais faire quelque chose qui me plaît. C’est ce que je fais l’hiver, c’est ce que je fais l’été. Quand je travaille sur des événements, quand je travaille l’hiver, j’ai la chance de pouvoir dire que je n’ai pas l’impression que je travaille. Je mets un réveil l’hiver, mais je suis toujours réveillé avant. Je suis toujours en avance au boulot parce que j’y vais avec plaisir. Et ça, c’est quand même assez magique. Donc, je pense qu’il faut suivre ses envies. et dire aux gens qui ont envie d’essayer ça, allez-y. Malheureusement, moi, je n’embauche pas. C’est ce que je dis souvent quand on me sollicite. Et en tant que prestataire, je n’ai pas la capacité de dire à mes clients, ok, je viens, mais par contre, je viens avec un assistant ou avec un stagiaire. Moi, je suis juste embauché, missionné par une société. Mais je peux dire où frapper, mais je ne pourrais pas faire grand-chose, malheureusement, pour les gens qui ont envie de faire la même chose. Donc moi, je leur dirais juste d’essayer et de tenter par tous les moyens de se faire embaucher par la société qui organise l’événement sur lequel ils ont envie d’être, etc.
N.G : Merci beaucoup Damien pour tous ces précieux conseils. Et puis merci pour ton temps disponible pour enregistrer ce podcast.
D.M : Avec plaisir, un plaisir d’avoir été sollicité. Parce que j’ai écouté avec attention tes autres podcasts. Et tu as reçu quand même quelques pointures de l’événementiel. Et le fait que tu me sollicites, c’était aussi très très flatteur, très content d’avoir participé à ça avec toi.
N.G : Merci beaucoup pour ta disponibilité et puis en plus tu m’as presque spoil ma conclusion n’oubliez pas dans l’événementiel on n’a pas un métier facile mais c’est quand même mieux que de travailler ça c’est vrai Merci beaucoup d’avoir écouté jusqu’au bout ce podcast de Good Morning Event. N’hésitez pas à mettre une note de type 5 étoiles sur les plateformes à travers lesquelles vous écoutez le podcast et même un petit commentaire sur Spotify, ça aidera pour son référencement. Vous pouvez également nous envoyer un petit mail à l’adresse qui est indiquée en description pour nous conseiller de futurs invités ou nous faire part de vos impressions. Et à très bientôt pour un nouvel épisode.