Quand on parle d’événementiel, difficile de ne pas évoquer le nom d’Antoine Alexandre. Depuis près de 30 ans, il enchaîne les expériences marquantes, des Apple Expo avec Steve Jobs aux grands événements sportifs mondiaux. Aujourd’hui Directeur Général d’Eventeam Creativ, il continue d’écrire l’histoire de l’événementiel avec une énergie et une passion intactes.
À travers son parcours, Antoine illustre à merveille comment l’émotion reste le fil conducteur de ce métier. Fan zones, hospitalités, activations de marques ou encore événements corporate : son expertise et sa vision permettent à Eventeam de s’imposer comme un acteur incontournable, en France comme à l’international.
Générique : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur Good Morning Event, le podcast de l’événementiel.
N.G : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le podcast Good Morning Event. Aujourd’hui, je suis avec Antoine. Antoine, bonjour.
A.A : Bonjour Nicolas.
N.G : Tu t’appelles Antoine Alexandre et tu es notre invité aujourd’hui, car tu es le directeur général d’Eventeam Creativ. Est-ce que tu peux nous raconter un petit peu ce qu’est Eventeam ?
A.A : Eventeam, on est une agence d’événements. On existe depuis 25 ans, 60 collaborateurs, on est basé à Boulogne. Notre ADN, c’est de faire des événements avec un lien énorme avec le sport et l’entertainment. Et nous, on a cinq métiers pour faire ultra rapide. Métier historique, l’hospitalité sur les grands événements sportifs. Deuxième métier, les événements corporate, que tu connais bien, séminaires, congrès, voyages et relations publiques. Troisième métier, le brain consulting. On fait en sorte que les marques ait des échos sur les réseaux sociaux. Quatrième métier, les événements grand public. On en reparlera peut-être, mais on a fait 24 fan zones pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Et le dernier métier qui est tout nouveau depuis deux ans, on conseille les marques sur leur activation de sponsoring.
N.G : Cinq très beaux métiers. Alors avant de rentrer un peu plus dans le détail sur Eventeam, j’aimerais qu’on s’intéresse d’abord un petit peu à toi, à ton parcours, parce que je crois que tu n’es pas un petit nouveau dans l’univers de l’événementiel. Tu as déjà beaucoup d’expérience derrière toi. Est-ce que tu peux nous raconter un peu ton parcours, peut-être déjà en commençant par tes études ?
A.A : Oui, mes études, j’ai fait une école de commerce. J’en ai fait trois. Pour la petite histoire, j’ai toujours été lié au sport. J’ai négocié ma dernière année d’école de commerce Sup de Co en étant dans l’équipe de handball pour devenir champion de France universitaire. C’est comme ça que j’ai pu réussir à être Sup de Co sur la dernière année. Ça a plutôt bien marché. Et après, moi, j’ai toujours travaillé dans les événements. Je ne sais pas si j’étais voué à faire ça, mais en tout cas, c’est l’endroit dans lequel je kiffais le plus. Et j’ai démarré par organiser des soirées étudiantes quand j’étais étudiant. Et puis après, moi, j’avais une passion, le surf et le windsurf. Et je suis allé voir les organisateurs du salon nautique à la fin de mes études. Et je leur ai dit qu’il n’y avait pas d’écosystème réuni sur le monde de la glisse au salon nautique. Et j’ai créé le village de la glisse. Donc ça, c’était en 97, je crois, ou 96. Et c’est comme ça que j’ai démarré mon aventure événementielle tout au long de ma carrière. Donc ça fait maintenant, ça va faire près de 30 ans.
N.G : 30 ans, 30 belles années. Alors le salon nautique qui avait lieu à Porte de Versailles, qui aujourd’hui n’a plus lieu, mais qui était un événement autour du monde du nautique, parce que le nautique s’appelait N-A-U-T-I-C, mais autour du monde du nautique. Et ce village de la glisse, effectivement, qui était un moment fort d’animation, finalement, au sein du salon.
A.A : Oui, c’était la première fois qu’on créait une piscine dans un lieu pour pouvoir faire des démos de planches à voile. Au même moment, j’avais eu l’opportunité de travailler avec Fred Beauchêne sur l’événement, fun board qui avait lieu à Bercy, qui s’appelait le Fundor, qui a duré pendant 4-5 ans de mémoire. Et puis après, de fil en aiguille, le salon nautique a bien grandi pendant 10-15 ans et après, ils n’ont pas su, je pense, se renouveler pour pouvoir encore exister aujourd’hui parce que je crois que ça n’existe plus.
N.G : C’est bien ça. On reviendra peut-être sur le Fundor parce que ça fait partie aussi des événements qui étaient assez marquants et qui ne sont plus dans le panel de ce qu’on connaît aujourd’hui, donc les plus jeunes ne connaissent peut-être pas. Une fois passé l’expérience Salon Nautique, quelle a été la suite de ton parcours ?
A.A : J’ai eu la chance d’être appelé par une agence à l’époque qui avait gagné un contrat, Apple. En 1998, je suis parti chez Apple pour organiser les événements Apple en France. Ça s’appelait les Apple Expo. Il n’y en avait qu’en France et à New York. J’ai pu, pendant trois ans, organiser les trois éditions à Paris avec deux keynotes de Steve Jobs au Palais des Sports. On a fait aussi le keynote de Steve Jobs à New York pour le lancement de l’iMac. Je suis arrivé chez Apple au moment où Steve Jobs est revenu pour lancer l’iMac.
N.G : Ce que j’allais dire, 98, ce n’est pas encore l’iPhone.
A.A : Ce n’était pas l’iPhone.
N.G : Apple c’était une petite entre guillemets, une petite entreprise. Ce n’est pas l’Apple d’aujourd’hui. Les produits étaient un peu moins chouettes.
A.A : J’ai connu la marque Apple où Steve Jobs a fait en sorte qu’un ordinateur soit un élément de décor dans un appartement ou une maison, plutôt qu’un objet gris caché dans un bureau. Et quand je suis arrivé chez Apple, c’était le lancement de l’iMac, les fameux iMac de toutes les couleurs.
N.G : Tout en un, dans l’écran, on avait l’unité centrale qui était intégrée finalement.
A.A : Donc ça, ça a été hyper formateur pendant trois ans d’organiser ce type d’événement. Ça n’avait rien à voir avec le sport, mais c’était une boîte américaine avec les bons et les mauvais côtés, mais hyper formateur pendant trois ans.
N.G : Et suite à ça, raconte-nous.
A.A : Suite à ça, je suis parti chez une belle agence auditoire où j’ai fait juste une année. Ensuite, j’ai rejoint à l’époque une agence qui s’appelait Connect Factory, qui était une agence de 250 personnes, spécialisée sur les événements B2B. Et on avait pas mal de sport aussi. C’était la filiale événementielle de Carat, du groupe Carat, dans les médias. Ils avaient créé Carat Sport à l’époque. J’ai pendant cinq ans dirigé Connect Factory sur toute la partie événementielle. Ça nous amène en 2007. En 2007, avec mon copain, à l’époque, on s’est retrouvé par hasard, copain d’enfance, chez Connect Factory. On a décidé de créer notre agence. On est parti. On a créé une agence qui s’appelait Event. En 2007, on était bien. On avait 150 personnes chez Connect Factory. On décide de faire ça, crise des subprimes. On se retrouve à quatre dans un bureau sans savoir ce qu’on allait faire parce qu’il n’y avait plus aucune boîte qui faisait des événements. Et puis, à force de boulot, de passion, et on n’a rien lâché, on a réussi à gagner un premier gros événement avec Renault Trucks pour célébrer les 20 ans de la marque du camion Magnum. On leur avait proposé un concept de refaire la Route 66 aux Etats-Unis. On a gagné ce projet contre toutes les grosses agences de la place de Paris. On a fait le projet et on a eu le grand prix stratégie sur cet événement. Et c’est ce qui a lancé un petit peu notre agence en 2008.
N.G : Magnifique.
A.A : Génial. Aventure géniale. 4000 kilomètres, sur toute la route 66, avec deux camions et puis un convoi de Mustang et de Harley-Davidson à faire toute la route. On avait fait un jeu concours à l’avance pour faire gagner des chauffeurs routiers en France pour pouvoir vivre l’expérience américaine de la route 66. C’était incroyable.
N.G : Quoi de mieux pour lancer une nouvelle agence que de performer dès son premier événement, finalement.
A.A : Oui, ça nous a bien lancé. Ça nous a donné une crédibilité de pouvoir travailler avec des grosses marques. Parce que quand on était chez Connect Factory, on avait la puissance d’un groupe derrière. Après, quand on se lance et qu’on se crée son agence, même si les clients disent vous inquiétez pas, on va continuer à travailler avec vous. En fait, ça ne se passe pas du tout comme ça. Et on a eu la chance de gagner ce gros projet. Et après, ça nous a ouvert les portes de gros annonceurs pour pouvoir faire de beaux événements et notamment dans le sport.
N.G : Et je crois que tu as continué à faire grandir Event pendant quelques années.
A.A : Event, oui, 2008 à 2014. Donc, à la fin, on était une vingtaine de personnes. On a gagné un autre prix qui me tient à cœur, qui est le prix Sporsora à l’époque, qui est très coté aujourd’hui, sur un brief assez simple. C’était les 40 ans de partenariat de BNP Paribas avec la Fédé de tennis et de Roland-Garros. Et on a pitché contre les plus grosses agences de Paris pour le brief. C’était page blanche. Quelle serait la meilleure activation dans les allées de Roland-Garros pour pouvoir faire parler de la marque ? Généralement, quand on brainstorm, on essaie de proposer des événements sur lesquels nous, on kiffe. Et on leur a dit, Roland-Garros, tout a été fait. Qu’est-ce qui pourrait être sympa pour les fans de tennis ? On leur a dit, c’est de les mettre dans des pots de journalistes. On a créé un faux studio télé dans les allées de Roland-Garros. On a repris des balles de match iconiques de Roland. Ils pouvaient venir les commenter en live. Et derrière, les vidéos étaient uploadées sur Facebook. Il n’y avait pas Instagram à l’époque, mais c’était sur Facebook. Et on a fait grandir la communauté de BNP Paribas, de Roland-Garros à travers cet événement. Et les vidéos les plus likées gagnaient une demi-heure d’entraînement avec un numéro 1 du top 10.
N.G : Voilà. Sympa aussi.
A.A : C’est génial. Et du coup, ça a tellement bien marché qu’on l’a fait 4 ans de suite.
N.G : Ça c’est une vraie réussite. Ce côté commentateur sportif, d’ailleurs, c’est revenu sur Canal, il n’y a pas très longtemps.
A.A : Exactement, avec Au micro. Avec Au micro, ça a bien marché. Puis après 2014, on est briefé par une marque automobile, Mazda, qui nous dit qu’on n’a pas d’argent pour faire le Mondial de l’automobile. Antoine, trouves-nous une idée pour pouvoir faire parler de la marque ? On réfléchit. C’était un événement en septembre, pendant le Mondial de l’auto. Comme on est un peu câblés sport, on regarde. Ils sont sponsors du judo. On ne trouve rien sur le judo. Puis on le voit, ils sont sponsors numéro un du club de Brive. Top 14. On se dit tiens, on va essayer de faire un truc un peu sympa. On bat un record du monde, on fouille, on regarde et on trouve un record du monde qui n’a pas été battu depuis 2007. C’est le plus grand Haka du monde détenu par les All Blacks et les Néo-Zélandais avec 2500 personnes. On leur a proposé de faire ça à la fin d’un match du top 14 en direct sur Canal. Ils ont acheté l’idée, on a fait et on a battu le record du monde du plus grand Haka de rugby. On a eu 4200 personnes et on a fait 22 millions de vues sur les réseaux sociaux avec cette vidéo.
N.G : C’est des idées qui ne paraissent pas si incroyables que ça. Il n’y a pas besoin de déplacer tout un contingent de personnes aux Etats-Unis, mais au final, des fois, les idées presque les plus simples peuvent s’avérer être aussi les plus intéressantes en termes de retombées.
A.A : C’est toujours les idées les plus simples qui ont un fort pouvoir après de retombées. Par contre, c’est les prods les plus compliqués à mettre en place.
N.G : Là, c’est quoi la difficulté d’une mise en place comme celle-ci ?
A.A : Non, ça parce qu’on était en direct après le match sur Canal+, donc ça, ça allait. La difficulté, c’est que la Ligue Nationale de Rugby nous interdisait d’aller sur le terrain pour faire des répètes avant le match, parce que c’est interdit d’aller sur le terrain. Donc on a créé des vidéos pour pouvoir faire des tutoriels sur l’ensemble des fans de la communauté de Brive-la-Gaillarde, parce qu’on était à Brive. Et puis après, il y avait deux facteurs qu’on ne maîtrisait pas. Le premier, c’était le temps. Si jamais il pleuvait, d’avoir beaucoup de monde sur le stade pour faire le Haka, ça allait être compliqué. Et le deuxième, Brive jouait contre Bordeaux à l’époque, ce n’était pas Bordeaux-Bègle. Et on s’est dit, s’ils se prennent une pilée, les spectateurs vont partir et ne vont jamais revenir sur le terrain. Et il a fait beau. Ils ont gagné le match. Et du coup, on a pu avoir 4000 personnes qui sont venues sur la pelouse. On a fait venir des All Blacks, Maoiris, pour faire le Haka. Et on a pu faire ce record du monde. Et pour la petite anecdote, d’un point de vue logistique, comme les gens ne connaissaient pas bien le Haka, on a fait 5000 t-shirts avec le logo Mazda sur le verso et sur le recto, les paroles et les mouvements.
N.G : Comme ça, quand on est derrière, on n’a même pas besoin de voir celui qui guide à l’avant. On a toutes les infos. Ça, c’est bien pensé.
A.A : Donc voilà, ça 2014. Et après, dans l’ambition, c’est de dire, on va essayer d’aller sur les grands événements sportifs. Mais on n’est pas une grosse agence. On est une vingtaine de personnes. On fait 5 millions d’euros de chiffre d’affaires, ce qui est déjà pas mal. Mais pour aller sur des gros projets sportifs, on est trop petit. Donc je vais à la recherche de financiers de partenaires pour pouvoir faire grossir l’agence. Et le hasard a fait qu’un petit déjeuner de networking, je tombe à côté du président de l’agence MCI, du groupe MCI. Je lui raconte notre volonté de faire une levée de fonds. Et il m’a dit, nous, on aimerait bien se lancer dans l’événementiel et dans le sport aussi. Tu ne veux pas qu’on te rachète ? Et du coup, j’ai vendu mon agence au groupe MCI que j’ai dirigé après pendant dix ans.
N.G : Tu vends ton agence, mais tu restes ?
A.A : Je reste, oui. Je suis passionné par ce que je fais. Donc, il était hors de question de faire une opération financière. C’était de rester, de pouvoir capitaliser sur la force d’un groupe pour pouvoir aller chercher des gros événements et des gros briefs au niveau du sport.
N.G : Là, du coup, vous pouviez répondre un petit peu, comme on disait à l’époque, à 360°, avec la force du groupe MCI, et d’être un des maillons du 360°, finalement.
A.A : Oui, et puis, c’est tout bête, mais pour les directions achats des groupes du CAC 40, si tu ne fais pas 20 ou 30 millions d’euros de chiffre d’affaires sur des gros projets d’activation dans le sport, ils ne t’écoutent pas, même si tes idées peuvent être meilleures que les autres.
N.G : C’est une bonne stratégie de s’adosser à ce genre d’entreprise.
A.A : Oui.
N.G : Et donc tu fais pas mal d’années finalement chez MCI puisque ça dure 7 ans et demi je crois à peu près.
A.A : Ça dure ouais, 7 ans et demi 8 ans ouais.
N.G : Jusqu’en 2022. Et là,nouvelle aventure.
A.A : Nouvelle aventure parce que, grâce, avec la force de MCI on a pu aussi gagner des projets, on a accompagné la candidature de Paris 2024 organiser par exemple le pitch et puis le voyage à Lima avec les 800 personnes et les partenaires pour pouvoir gagner les Jeux à Paris.
N.G : Je fais une petite dédicace à Mathieu Rosz qui est passé dans un podcast précédent et qui était en régie sur cette opération-là avec vous.
A.A : Exactement. Ouais, ouais. Souvenir incroyable. À Lima, au Pérou, pendant dix jours, on avait tout préparé, tout calé. Rien ne s’est passé comme ce qu’on avait prévu parce qu’on est un peu dans un pays exotique au niveau de l’événementiel. Ils n’ont pas les mêmes guidelines qu’on peut avoir en France. Mais après, c’était génial. Avec les athlètes français, plus tout le Co-Jo, plus tous les patrons qui étaient là pour pouvoir accompagner la candidature. C’est un souvenir absolument mémorable.
N.G : J’ai cru entendre que ça avait été assez festif. Forcément.
A.A : Très festif. Pour la petite anecdote, on avait pris un DJ sur place et puis je le vois arriver le soir. Je dis, non mais t’es pas DJ, toi t’es le bagagiste de l’hôtel. Il me fait, mais je sais pas, je sais mettre des disques. Bien sûr, il a mis deux disques et après il savait plus rien, il a pu rien faire. Donc j’ai pris les platines et pour la petite anecdote j’ai mixé pendant une heure avec Teddy Riner c’était assez marrant.
N.G : Et t’as mixé dans l’avion du retour ou t’étais dans ce fameux avion avec tous les sportifs ou pas ?
A.A : J’étais dans le fameux avion où personne n’a dormi parce qu’ils ont continué à faire la fête. Et il y avait déjà à l’époque des gros enceintes portatives en Bluetooth. Et c’était surtout Michael Jeremiasz et Teddy Reiner qui ont pris les commandes, pas de l’avion, mais du son et de la boîte de nuit qu’il y avait quasiment dans l’avion.
N.G : Quel souvenir et puis encore magnifié par les JO quelques années après, en 2024.
A.A : Ouais, ouais.
N.G : Donc c’est à travers finalement cet événement-là que tu te retrouves chez Eventeam, c’est ça ?
A.A : En fait, ce qui s’est passé, c’est que ça c’était 2017. 2018, juste pour une dernière anecdote, on gagne les voyages partenaires de la Coupe du Monde de foot en Russie. Donc on a la chance d’accompagner la Fédé de foot avec 800 personnes sur ce fameux quart de finale France-Argentine à Kazan, à 2000 km au nord de Moscou, avec ce fameux but de Benjamin Pavard qui le met en pleine lucarne. Et on a pu faire la finale à Moscou avec l’ensemble des partenaires de la FEDE. Donc tout ça nous a donné, moi, m’a apporté une énorme expérience en termes d’activation et puis d’organisation d’événements autour des grands événements sportifs. Après, on a tous subi le Covid. Et suite au Covid, MCI avait pris la direction plus digitale d’une stratégie d’aller dans le monde digital. Moi, mon métier, c’est les émotions, non pas à travers un écran, mais à côté d’un stade. Donc c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de quitter MCI et je connaissais le fondateur d’Eventeam, Igor Juzon, à l’époque. Et Igor m’a appelé, il m’a dit « Ça te dit de participer à une aventure et de développer l’agence avec nous sur la partie événementielle avec ce qui se profile, Coupe du Monde de Rugby et Paris 2024. » Je pense que j’ai mis 4 secondes à réfléchir et à lui dire oui.
N.G : Oui, parce qu’il y avait deux très gros événements qui arrivaient.
N.G : Et avec Eventeam, je crois que vous n’avez pas chômé déjà à commencer par la Coupe du Monde de Rugby 2023.
A.A : 2023, Coupe du Monde de Rugby, qui est l’ADN de l’agence. Eventeam fait, je crois, depuis 15 ans est agence officielle d’hospitalité sur le tournoi des 6 nations et donc quand il y a un grand événement sportif qui se passe dans notre pays il ne faut pas passer à côté et on a été agence officielle sur l’ensemble des hospitalités de la Coupe du Monde de Rugby en France donc on a développé toute cette partie là et en parallèle c’est là où on a apporté une expertise nouvelle, on a géré 4 fans zones pour la Coupe du Monde de Rugby, et notamment celle de Nantes.
N.G : Celle de Nantes, oui. Je suis passé, qui était superbe, au bord de la Loire. Je crois qu’il y avait 10 fans zones pour les 10 stades, si je ne dis pas de bêtises.
A.A : Nous, on en a fait 4. On n’a pas fait celle de Paris, qui était à la Concorde. Et on a fait Toulouse, Nice, Nantes et Lille.
N.G : Puis c’était une activation qui était longue, parce que la Coupe du Monde de Rugby, ils ont globalement un match par semaine. Ça dure 7 semaines, je crois.
A.A : Ça dure 7 semaines. Oui, on s’adapte. Et puis les fans zones sont pleines quand l’équipe de France joue. quand l’équipe de France ne joue pas, les fan zones sont moins pleines, quasiment inexistantes.
N.G : Il y a des jours où il n’y a pas de match pendant la Coupe du Monde de rugby.
A.A : Exact.
N.G : Et puis, on a toujours parlé de l’aléa sportif, de si la France va loin ou pas. Est-ce qu’on continue ou est-ce que ça s’arrête en cours d’événements, finalement, cette fan zone ?
A.A : On a un modèle économique qui était basé pour équilibrer jusqu’au quart de finale. Et puis après, c’était juste génial pour l’agence et puis après pour l’engouement du pays d’aller un peu plus loin. Malheureusement, on connaît tous le résultat contre l’Afrique du Sud. Donc, on a acquis de l’expérience en organisation de fans zones liées à un grand événement comme la Coupe du Monde de Rugby. Mais on n’a pas pu aller au bout de cette expérience puisqu’on n’a pas profité des demi et de la finale, même si on a quand même ouvert des fans zones pour, je crois que c’était la demi finale qui était à Nantes et à Toulouse.
N.G : On est fin 2023 et quelques mois après, ce profil et les fameux Jeux Olympiques dont on fête les un an depuis quelques semaines. En tout cas, quelques semaines quand sortira le podcast, pour tout vous dire. On est tout juste dans les cérémonies, au moment de l’enregistrement. Là, à nouveau, vous êtes positionné sur une tonne de sujets. Il y a les fan zones, mais il y a aussi énormément d’hospitalité.
A.A : Oui, il y a énormément de sujets. Puis en fonction des acteurs différents, il y a le cojo, il y a les marques partenaires et puis ensuite les collectivités locales. Donc, on est allé sur les trois sujets. Sur les marques, on a gagné des beaux budgets. On a accompagné tout le groupe BPCE sur l’activation des jeux à travers leur privatisation du Petit Palais et on a créé un lieu d’hospitalité que tu connais bien parce que tu nous as accompagnés sur ce projet.
N.G : Avec plaisir, avec un immense plaisir.
A.A : On a accueilli 30 000 clients du groupe BPCE au plein cœur des Jeux, au Petit Palais, en plein cœur de Paris. C’était une expérience assez dingue. On a accompagné Coca-Cola sur leur activation B2B. Ils avaient quasiment privatisé tout le quartier de l’Opéra et on a reçu leurs plus grands clients du monde pour leur faire vivre l’expérience des Jeux. Et on a accompagné la Team Belgium. C’est le Club France, mais pour les Belges. À Paris, on a reçu 38 000 Belges qui venaient faire la fête, notamment le jour de la médaille d’or de Renko Evenepoel. Ça a été assez épique au club belge. Donc ça, c’était sur la partie événementielle. Collectivité locale, on a organisé 24 fans zones, dont la plus grande en Seine-Saint-Denis à Valbon. On a reçu 40 000 personnes tous les jours. Et le dernier point, c’était l’hospitalité. C’était On Location. Je ne sais pas si ça parle à tout le monde, mais c’est les Américains qui ont trusté la vente de la billetterie des Jeux Olympiques. Et on a fait un contrat de sous-licence avec eux pour pouvoir proposer des places d’hospitalité aux marques françaises sur l’ensemble des épreuves sportives.
N.G : Ce qui permettait d’avoir, même en last minute par exemple, parce qu’on en avait parlé, des places pour la finale de basket France-États-Unis, pour les clients qui pouvaient aussi se le permettre, parce que ce n’était pas accessible à toutes les bourses, mais même en last minute, vous étiez capable d’offrir des places, de proposer à la vente des places pour des événements les plus fous, Léon Marchand, le basket ou autre.
A.A : Exact, Eventeam a toujours été acteur de vente de billets d’hospitalité depuis les Jeux de Londres avec le Club France en 2012. Donc ensuite, il a toujours été sur l’ensemble des Jeux. Là, c’était une édition spéciale parce que c’est les Américains qui ont eu l’exclusivité. On a réussi à négocier avec eux pour avoir la sous-licence en France et en Belgique.
N.G : Et alors, une fois tous ces grands événements sportifs organisés par la France et en France passée, quelle est la suite pour Eventeam finalement fin 2024, 2025 et dans les années à venir ?
A.A : Alors, tout le monde parle d’héritage des Jeux. Nous, ce qu’on retire déjà, c’est qu’on a vécu un truc absolument extraordinaire. Il était hors de question de passer à côté de cette expérience, aussi bien personnelle que pro, que l’organisation du plus grand événement au monde dans notre pays. Du coup, derrière, ça nous a apporté une crédibilité pour pouvoir accompagner les marques sur les autres grands événements sportifs, et notamment à l’étranger. Parce que là, on a eu la chance d’en avoir deux d’affilés en France. Et là, ce qui se profile, c’est la Coupe du Monde de foot aux Etats-Unis. On a la Coupe du Monde de rugby en Australie. Ensuite, on a les Jeux à Los Angeles. On est sur les trois sujets.
N.G : Plein de belles choses qui s’annoncent pour la suite.
A.A : Plein de belles choses. Après, c’est des questions d’opportunités aussi. Il y a les Jeux Olympiques de la jeunesse qui ont lieu tous les deux ans dans un pays différent. Là, ça aura lieu en octobre et novembre 2026. On a signé avec le CIO. On a monté un bureau à Dakar.
N.G : Au Sénégal, c’est ça ?
A.A : Au Sénégal. On s’est associé avec Keneo pour monter une entité sur place pour pouvoir accompagner les projets événementiels qui vont se tenir pendant les Jeux Olympiques de la Jeunesse à Dakar.
N.G : Magnifique. Des belles perspectives encore de grands événements avec toutes l émotion que ça génère.
A.A : On espère. Et puis, il y a une target qu’on a tous aussi dans le viseur, c’est les Jeux Olympiques d’hiver 2030. Donc, pour pouvoir être au cœur de l’écosystème, on vient d’ouvrir un bureau à Annecy. pour être proche de ce qui va se passer un petit peu là.
N.G : Là où il faut être dans la place.
A.A : Exactement.
N.G : Et sur Milan Cortina, il y a des projets ?
A.A : Alors, on vend des hospitalités. Ce qu’il y a, c’est que l’organisation de Milan Cortina n’est pas très simple. La plupart des clients logent à Milan. Et ensuite, on a un minimum de trois heures de voiture pour aller sur les sites d’épreuve. Donc, ce n’est pas la même expérience d’hospitalité qu’on a pu avoir sur les Jeux d’été. Et puis, les volumes sont beaucoup, beaucoup moins importants.
N.G : Donc, il y aura peut-être des petites choses ?
A.A : Il y aura des petites choses.
N.G : Mais ce sera plus, les Alpes 2030… Les grands projets.
A.A : Mais ceci dit, on va aller sur place pour prendre l’expérience des Jeux d’hiver. Parce que c’est quelque chose qu’on n’a jamais fait dans les stations de ski, et notamment en France. Moi, à l’Alberville 92, j’étais encore en école de commerce.
N.G : Encore un peu jeune, tu regardais la cérémonie de Découflé.
N.G : Magnifique. Et cette place qui reste toujours à Alberville, d’ailleurs. On peut toujours aller voir qu’elle n’a pas changé. Par rapport à tout ton parcours, tu nous as parlé de la rencontre avec le boss de MCI, est-ce qu’il y a une ou deux ou peut-être trois personnes qui t’ont particulièrement influencé aussi dans ton parcours, d’une certaine façon, parce que c’était des rencontres incroyables, des sportifs particuliers, des hommes politiques, des chanteurs, des chanteuses ou des gens comme ça qui t’ont vraiment inspiré ?
A.A : Alors, je n’ai pas réfléchi à la question avant de répondre. J’ai envie de te dire, la plupart des sportifs que j’ai côtoyés sur tous ces grands événements sportifs m’ont toujours inspiré par la bulle de concentration dans laquelle ils sont avant d’aller faire leurs épreuves. C’est un truc absolument dingue. J’ai eu la chance d’aller m’entraîner en 2010 à l’INSEP avec l’équipe de Taekwondo. C’est là que j’ai compris ce qu’était vraiment un sportif professionnel. C’est-à-dire qu’au bout de deux entraînements, moi je vomissais, j’ai failli tomber dans les pommes, alors que je fais quand même pas mal de sport. Le niveau et l’abnégation est tellement élevé que les gens ne se rendent pas compte quand ils sont assis dans leur canapé en train de regarder les épreuves que ce soit des Jeux Olympiques ou du foot, on est tous pareil, on se dit il aurait dû le marquer il a les pieds carrés mais qu’est-ce qu’il fait etc. Je pense que les gens ne se rendent pas compte de l’abnégation que peut avoir un sportif de haut niveau pour pouvoir aller chercher une médaille.
N.G : C’est toujours inspirant et on l’a encore vu récemment sur l’arrivée du Tour, comment les gars, après trois semaines, continuent de s’envoyer dans les montées, dans les descentes, sur les pavés, sous la pluie.
A.A : J’ai accompagné le Tour deux ans pour Enedis et l’année dernière, on l’a fait également avec toi sur Continental. Je me suis aperçu aussi d’une chose, peu importe, mais j’ai fait le Mont Ventoux en tant qu’amateur. J’ai mis 1h55 à partir de Bédouin pour aller au Mont Ventoux et j’ai comparé mon temps avec celui des coureurs du Tour de France qui arrive au Mont Ventoux déjà après 15 jours de compétition avec 180 km dans les pattes au départ. Ils mettent moins de 50 minutes à monter le Mont Ventoux. En gros, je mets une heure de plus.
N.G : C’est 25 km, je crois, au départ de Bédouin à peu près.
A.A : Oui, exactement. Et ils montent en gros à entre 23 et 26 km heure des pentes à 8, 10 et 12 %.
N.G : C’est impressionnant.
A.A : Impressionnant, oui.
N.G : C’est impressionnant. En plus, il y a leur effort. Et puis, il y a l’univers dans lequel ils se trouvent, à la fois l’univers géologique de ce Mont Ventoux et puis la foule, les spectateurs, l’ambiance. On l’a encore vu là encore à Montmartre. C’est un truc complètement inimaginable.
A.A : Moi, je fais ce métier que pour cette raison. C’est l’émotion qu’on arrive à avoir en organisant ce type d’événement. Donc, d’être dans un stade, d’être au proche des épreuves. Il y a beaucoup de gens qui disent je verrais mieux à la télé. Les gens qui n’ont jamais été dans un stade ou jamais sur une épreuve olympique ne peuvent pas savoir l’émotion qui est dégagée quand on est sur place.
N.G : C’est vraiment incroyable. D’ailleurs, justement, sur ce côté émotion, aujourd’hui, alors tu as connu, je ne vais pas dire que tu as un certain âge, mais tu as connu plein d’époques finalement dans l’événementiel et notamment avec toutes les évolutions du numérique. Une époque où Internet était peut-être balbutiant jusqu’à aujourd’hui où le mail ne pose même plus de questions, mais on est évidemment à l’ère des réseaux sociaux. Comment tu analyses, et même des réseaux sociaux de l’intelligence artificielle, comment tu analyses cette évolution justement avec des formats qui sont beaucoup plus orientés maintenant réseaux. Avant, on était peut-être uniquement dans la partie émotion. Maintenant, on est aussi sur comment est-ce que les gens vont réagir, faire réagir à travers les réseaux sur les événements. Quel est ton regard sur ça ?
A.A : Mon regard, je pense que c’est ultra complémentaire. L’émotion, elle est la même. D’être sur un événement sportif en 1998 lors de la Coupe du monde de foot et puis les Jeux olympiques de Paris 2024, quand on est sur place, l’émotion, sincèrement, elle est la même. Ce qui est cool avec toute l’évolution de la techno et des réseaux sociaux, C’est que cette émotion, on peut l’amplifier et on peut la faire durer. Et ça, c’est plutôt sympa. On n’était pas loin du 26 juillet de célébrer les un an de la cérémonie d’ouverture, il y a peu de temps. Grâce aux réseaux sociaux, on arrive à revivre ce genre d’émotions qu’on a vécues sur place quand on était aux Jeux. Donc, je trouve que c’est un excellent complément de dispositif de com, que ce soit pour les marques ou pour pouvoir justement faire durer ces émotions.
N.G : Est-ce que parfois, il y a des clients, des marques, que tu remarques qu’ils veulent finalement presque trop orienter sur justement cette partie réseau, avant même d’oublier l’essence de ce qu’il doit être l’émotion, l’essence de l’expérience du participant et uniquement se projeter sur les rebonds à travers les réseaux ?
A.A : Mais pour pouvoir se projeter sur les rebonds à travers les réseaux, il faut qu’ils soient présents sur le stade ou sur l’épreuve. Donc nous, on accompagne que des marques dans les activations qu’on fait en réel sur les événements et ensuite, on a une stratégie d’amplification à travers les réseaux sociaux. On ne fait pas l’inverse. On n’est pas une boîte digitale, on est une boîte d’événements. Mon métier, c’est de faire en sorte que les gens se rencontrent et de vivre des émotions. Et la partie digitale, c’est encore une autre stratégie pour les marques pour pouvoir faire parler de la marque. Donc ça, ce n’est pas trop mon domaine d’activité.
N.G : On va revenir sur des grands événements qui t’ont marqué. On en avait parlé il y a quelques jours. Tu me racontais un peu la Coupe du Monde 2018 en Russie, la deuxième Coupe du Monde gagnée par l’équipe de France. Vous vous occupez d’un programme pour la FFF pour amener des invités, que ce soit des proches des joueurs, que ce soit des invités, des partenaires sur les différents sites au fur et à mesure de la compétition. Et puis finalement, au tout départ, il n’y a pas trop de choses qui sont prévues pour les derniers matchs.
A.A : En fait, on avait signé un contrat pour un match qui était le quart de finale. Il s’avère qu’on connaissait la date du quart de finale, mais on ne connaissait pas la ville. Donc, on a pu préparer et organiser tout. Par contre, on a fait des repérages trois semaines avant à Kazan. Si je te parle de Kazan, je pense que tu ne sais même pas où c’est sur la carte en Russie.
N.G : En Sibérie.
A.A : Presque en Sibérie. Donc, on a eu le temps d’organiser ce quart de finale. On a emmené 800 personnes vivre ce match à travers des activations. Donc, on s’occupe de tout, des affrêtements des avions, des hôtels, de toute la logistique et des places dans le stade.
N.G : Et des visas aussi.
A.A : Et des visas, parce qu’il y avait un visa pour chaque personne mais ça c’était, on avait le temps, tout était organisé en plus on a vécu un match de dingue dont tout le monde se souvient, contre l’Argentine c’était absolument génial on rentre en France et là on demande à notre client t’es sûr, tu vas rien faire pour les demi-finales ou la finale, « non non non », on s’est décidé il n’y aura pas d’autres activations le mardi soir France-Belgique demi-finale, la France gagne j’appelle mon client, t’es sûr pour la finale, « non non » j’envoie tout le monde en vacances et en week-end jeudi matin Merci. au téléphone de la FEDE. « Antoine, on est 800, la finale est dimanche soir. Merci de tout nous organiser. » Et donc là, cellule de crise à l’agence, mais cellule de crise absolument géniale, quand on rappelle tous les chefs de projet, tout le monde, pour dire écoute, il va falloir revenir bosser à l’agence. Ah bon ? Mais c’est pourquoi ? Bah la finale de la Coupe du Monde. On a un voyage de prévu avec la FFF. Tout le monde est revenu, on a tout organisé en 48 heures, pour pouvoir accueillir les 800 invités de la FEDE pour vivre la finale. qui a été absolument un moment incroyable parce qu’on a été Champions du Monde. Et quand on est champions du monde dans un stade et à Moscou, vous avez tout calé en logistique pour pouvoir ramener tout le monde. Rien ne se passe comme ce que vous aviez prévu. Absolument rien.
N.G : Alors, qu’est-ce qui s’est passé sans tout dévoiler ?
A.A : Sans tout dévoiler, les gens n’ont qu’un mot à la bouche, c’est champions du monde. Donc, vous avez beau leur dire, il faut aller au bus, qu’il y ait à tel endroit et à telle porte, personne ne vous écoute. Je ne sais pas si tu te souviens, mais il a plu énormément au moment de la remise de la coupe et il y a eu un feu d’artifice. Et quand il y a de la pluie et un feu d’artifice, il y a la fumée qui reste. Quand on est sorti du stade à Moscou, il y avait à peu près 2,50 m à 3 m de fumée qui était au sol. On ne voyait absolument rien. C’est la seule opération où on n’a jamais su qui et combien on était pour rentrer. On n’a jamais su. On n’a jamais su. On n’a jamais eu de coup de fil en arrivant à Paris en disant, vous m’avez oublié, je suis à Moscou, il faut venir me chercher. Mais c’était absolument incroyable.
N.G : Il valait mieux être à Moscou qu’à Kazan pour se débrouiller pour rentrer.
A.A : Exactement. Ouais, Et comme on gérait aussi les familles des joueurs et puis les invités des joueurs, on ne savait absolument pas qui allait retrouver les joueurs au camp de base des joueurs. En fait, on ne savait plus rien. La seule chose qu’on savait, c’était qu’on était champion du monde et que tout le monde était content.
N.G : Bon, expérience incroyable.
A.A : Ouais, génial.
N.G : Est-ce qu’il y a une autre expérience comme ça où tu étais un peu finalement dans les coulisses que tu aurais envie de nous partager aussi ?
A.A : Je vais juste dans les coulisses, pas vraiment. Ça remonte à l’année dernière, Paris 2024. Je m’étais coché sur le calendrier une épreuve que je ne voulais pas louper. C’était la finale de judo de Teddy Riner. Je savais que c’était le samedi 2 août de mémoire. Je n’avais pas d’accréditation, je n’avais pas de place, mais j’avais mon accréditation des Jeux Olympiques sur ce qu’on organisait pour Coca-Cola et le groupe BPCE. J’ai réussi, je ne sais même pas comment, à me retrouver à l’intérieur du dojo avec la famille de Teddy Riner, sans avoir de place officielle pour pouvoir vivre ce que tout le monde a vécu, c’est-à-dire la médaille d’or. Donc ça, c’était absolument incroyable. Je pense que de temps en temps, plus c’est gros, je me suis fait passer pour un cousin de Teddy Riner, donc absolument rien à voir. J’ai réussi à me retrouver avec toute la famille au bord du tatami, c’est absolument génial.
N.G : Tu avais à la fois les émotions du spectateur les émotions des proches et puis lui son regard quand il se tourne vers les siens quand il a gagné il y avait tout ce partage d’émotions dont on parlait qui devait être puissance 1000.
A.A : Ah mais quand je te dis que j’étais à la famille à un moment donné il m’a pris dans les bras il ne savait même pas qui j’étais mais c’était tellement fort, il y avait tout le monde qui était là donc c’était assez incroyable. Faut faire attention quand Teddy Riner te prend dans les bras ça peut secouer un peu tu gardes le moment c’est sympa tu me disais que tu avais mal au cou c’est peut-être lié à ce qui s’est passé l’année dernière. Donc, moment assez unique. Et puis après, pendant les Jeux, il y a eu tous les jours étaient uniques. Tous les jours.
N.G : Et est-ce qu’il y a un événement, alors on peut parler de quelque chose d’assez ancien pour qu’il y ait prescription, mais où finalement, rien ne s’est passé comme prévu, mais où le stress aussi est monté assez fortement dans l’organisation, parce qu’il y a eu des soucis, pas forcément dans l’organisation, mais dans le plan tel qu’il s’est déroulé, et que tu pourrais nous partager un peu en retour d’expérience.
A.A : Ouais. Finale du 100 mètres Rio 2016, les Jeux Olympiques. On emmène 400 partenaires à l’époque du comité de candidature et non pas du comité d’organisation parce qu’on n’avait pas encore gagné les Jeux. Et là, on est dans le stade à Rio. On a des places en hospitalité pour les 400 personnes. Et puis, à un moment donné, il y a des clients qui viennent. Ils disent Antoine, on ne peut pas aller en tribune. « Comment ça, vous ne pouvez pas aller en tribune ? Vous avez vos places ? Non, on ne peut pas. » Je vais dans la tribune. Et là, on s’aperçoit que les spectateurs qui étaient assis en face ont quitté leur fauteuil pour venir devant la piste du 100 mètres où il y avait Usain Bolt. Donc jamais ça peut se passer en France ou en Angleterre, parce que tout est hyper bien quadrillé et carré. Là, on est à Rio. Et du coup, je pense qu’on s’est retrouvés à 25 000 au lieu de 12 000 dans la tribune. Le long de la ligne droite. Et ça, je pense que ça a sublimé l’intensité et l’émotion du moment. Moi, j’avais jamais vécu une finale du 100 mètres, encore moins avec Usain Bolt. 10 secondes avant le coup de départ, de pétard, mais on entend une mouche voler dans le stade. Mais vraiment, il n’y a pas un bruit.
N.G : Ceci lance avant les courses en athlée.
A.A : C’est dingue, complètement dingue. Et là, ça dure 10 secondes, à peine 10 secondes. Mais ces 10 secondes sont d’une intensité absolument folle.
N.G : Je crois que c’était les Sud-Coréens qui l’avaient sublimé avec un jingle, juste avant le départ, pendant un championnat du monde. Et ils avaient encore plus augmenté ce côté d’on attend le silence. Et ensuite, quand ça part, c’est la folie.
A.A : Et c’est ça qui est génial avec les émotions du sport, c’est que tout ce qu’on avait prévu en hospitalité dans un stade pour des clients du CAC 40, des gros partenaires des Jeux, donc il n’y avait plus de champagne, il n’y avait plus de petit four, il n’y avait plus d’hospitalité, peu importe. Mais par contre, il y avait l’intensité du moment qui était absolument complètement dingue. Et ça, ça permet de tout effacer.
N.G : De voir Usain Bolt champion olympique, ça efface tout.
A.A : Si, par exemple, je reviens sur la finale de la Coupe du Monde en Russie en 2018, si la France perd, pas la même en organisation quand on sort du stade.
N.G : Oui, peut-être plus simple dans le sens où les gens seront un peu plus disciplinés, mais par contre, on laisse rien passer.
A.A : Rien. Alors que là, on est champion du monde.
N.G : En grand moment.
N.G : Et après tout ce qu’on s’est raconté, est-ce qu’il y a un événement sur lequel tu rêverais un jour de travailler, finalement ? Tu te dis, cet événement-là, je n’ai jamais travaillé sur cet événement-là. J’adorerais être partie prenante de l’organisation.
A.A : Depuis tout petit, moi, c’est les Jeux. J’ai une appétence pour les Jeux Olympiques, parce que j’ai grandi un peu avec ça. Mon grand-père a fait les Jeux Olympiques de Londres en 1948.
N.G : En quelle discipline ?
A.A : En aviron. Il a été 24 fois champion de France, 22 fois champion du monde. Et il a été médaillé olympique à Londres en 1948. Et pour la petite histoire, quand il y a eu les Jeux de Londres en 2012, je l’ai emmené là-bas. 64 ans après l’endroit où il avait eu sa médaille. Et pour boucler la boucle, j’ai allumé et porté la flamme olympique avec lui l’année dernière pour allumer la vasque à la dernière étape du Mont-Saint-Michel. Donc les Jeux, j’ai toujours grandi avec ça. Et ça a toujours été un événement sur lequel je ne voulais absolument pas passer à côté. Je l’ai vécu à Londres, je l’ai vécu à Rio, quand j’entendais la plupart de mes potes à Paris. « Je vais me casser de Paris, je vais louer mon appart hyper cher, et puis ça va être le foutoir, les Jeux. » Je leur ai dit, mais je crois que vous ne savez même pas de quoi vous parlez. Vous verrez, quand ça va démarrer, il y a un truc qui s’instaure. Je ne peux pas l’expliquer, c’est les Jeux Olympiques. Maintenant, les gens savent très bien de quoi je parle. Il se passe un truc un peu exceptionnel quand il y a les Jeux. Donc pour répondre à tes questions s’il y a vraiment un événement que je voulais pas louper c’était celui-là et du coup les prochains.
N.G : Les prochains à Los Angeles, ceux d’après Brisbane.
A.A : On espère, on y travaille !
N.G : Les Jeux auront lieu à Brisbane tu seras peut-être sur place d’une façon ou d’une autre !
A.A : J’espère bien parce que c’est un événement qui est absolument à part en dehors des Coupes du Monde de rugby ou de foot, les Jeux c’est vraiment à part.
N.G : Et puis c’est même presque plus condensé parce que ça ne dure que 15 jours et en même temps pendant 15 jours il se passe tellement d’épreuves une Coupe du Monde de rugby, il y a un match de foot il y a un match à la fois, ça dure plusieurs semaines là c’est très très court en fait.
A.A : Ouais c’est court et puis il y a un truc qui est différent c’est que sur les coupes du monde de rugby ou de foot dans un stade il y a deux pays c’est la France et l’Argentine dans une épreuve des Jeux Olympiques vous avez le monde entier qui est dans le stade donc c’est quelque chose de complètement différent en termes d’ambiance et en termes de les supporters, c’est pas de clivage entre deux pays c’est vraiment tout le monde est là pour aller regarder les meilleurs ça c’est génial.
N.G : Y compris des gens qui sont là et qui n’ont aucun représentant de leur pays à supporter, ils sont juste là parce qu’il y avait une opportunité, ils ont pris des places et ils viennent voir cette épreuve pour l’ambiance, pour le plaisir, pour l’amour du sport. Si on revient un petit peu aussi sur ton expérience, du coup, est-ce que tu as une leçon, quelque chose que tu as appris à force de vivre et d’organiser tous ces événements ? Est-ce qu’il y a quelque chose qui devient un peu un point sur lequel tu ne fais jamais d’erreur parce que tu as toute cette expérience ?
A.A : Oui, je vais te dire trois points. Un, la rigueur. C’est-à-dire que je n’arrête pas de répéter aux équipes vérifier, revérifier, rerevérifier. Parce qu’un conducteur de bus qui n’arrive pas à l’heure, ça fait partie du quotidien des événements. Donc, c’est une rigueur à 200% sur l’ensemble des sujets. Et puis, le deuxième leitmotiv, c’est de prendre du plaisir. C’est-à-dire que si on prend du plaisir à faire ce qu’on fait, ça se ressent au niveau des clients. Et puis, c’est tellement plus agréable de prendre du plaisir, tellement on travaille énormément. Tu connais bien ce métier.
N.G : Bien sûr.
A.A : Donc, c’est vraiment de kiffer le moment. Donc, c’est beaucoup de rigueur et puis de kiffer le moment. Et puis après, le dernier point, on a toujours des solutions. Toujours. Quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, on a toujours des solutions. Au moment où les avions ne sont pas venus, on a trouvé des solutions. Donc, vraiment, c’est ces trois lettres motifs qui font que par expérience, même s’il peut y avoir des galères, on trouvera toujours des solutions.
N.G : Et si aujourd’hui, un petit jeune ou une petite jeune qui voudrait travailler dans cet univers de l’événementiel, quels seraient les conseils que tu pourrais lui donner pour pouvoir un peu toucher du doigt ce que toi, tu as eu la chance de vivre sur toutes ces années ?
A.A : Ça fait 15 ans que je fais ça. Je suis conférencier et puis j’interviens auprès de trois écoles de com et de commerce à Paris parce que j’adore transmettre l’expérience. Notre métier est avant tout un métier d’expérience. On a beau apprendre ce qu’on veut à l’école, le savoir-faire s’acquiert quand on est sur le terrain. Donc ça, c’est la première chose. Et la deuxième chose que je leur dis, c’est qu’il faut qu’ils soient passionnés. Ils ne sont pas passionnés par ce métier. C’est compliqué. Ça peut être vraiment très compliqué parce qu’on y passe beaucoup, beaucoup de temps. C’est usant, c’est stressant, mais c’est un petit peu comme dans le sport. Alors peut-être pas autant, comme disaient les sportifs, 99% de douleur et d’entraînement et 1% quand on gagne une médaille au jeu, qui permet de sublimer tout le reste. Préparer un événement, c’est beaucoup de boulot, beaucoup de temps, beaucoup d’abnégation également. Mais après, quand ça se passe bien, et ça se passe globalement bien, parce qu’on est relativisé, on n’est pas là pour sauver des vies. On est là juste pour apporter de l’émotion aux gens. Globalement, si on a ces deux leitmotiv, on arrive à bien vivre ce métier et qui nous apporte, en dehors des émotions, on ne fait jamais deux fois la même chose. Là, on a fait les Jeux à Paris, je ne referai jamais les Jeux à Paris. Donc, ce sera d’autres événements sportifs dans d’autres pays, dans d’autres villes. Et c’est ça qui est plutôt sympa.
N.G : Oui, c’est vraiment ce côté où on a la chance de ne pas vivre un espèce de quotidien, même s’il faut quand même le dire, il y a beaucoup d’heures de bureau, de préparation. Enfin, ce n’est pas que des soirées avec des paillettes et du champagne, c’est aussi beaucoup de boulot. Derrière, on vit quand même des moments extraordinaires quand l’événement se met en œuvre.
A.A : Ah bah oui, c’est ce que quand on discute avec les clients, on dit toujours Antoine fait un métier qui est absolument génial. Eux, ils ne voient que la face émergée de l’iceberg. Même si beaucoup de clients connaissent un peu notre métier, mais il y a tellement de boulot en préparation, de galères qu’on va réussir à trouver comme solution. Je pense aux jeux, toutes les histoires de livraison, d’accès, pendant le montage de l’ensemble de ce qu’on a fait. Tout ça, il faut qu’on arrive à l’encaisser avant et puis de trouver les bonnes solutions pour que ce soit le plus fluide possible pendant l’événement.
N.G : C’est aussi l’expérience qui paye, c’est d’anticiper ce qui n’est pas anticipable quasiment.
A.A : Oui, il y a une seule chose qu’on ne maîtrise pas, c’est la météo.
N.G : Et encore, on peut maîtriser qu’on ne la maîtrise pas et donc avoir préparé un plan A, un plan B, voire un plan C, en fonction de tous ces éléments-là pour ne pas être pris au dépourvu d’un élément dont on n’a pas la main.
N.G : Merci beaucoup Antoine.
A.A : Merci, avec plaisir Nicolas.
N.G : Merci de nous avoir reçus ici dans les locaux d’Eventeam.
A.A : Avec plaisir, puis j’espère à très bientôt sur un prochain gros événement sportif.
N.G : Avec grand plaisir, je suis dans ton équipe tous les jours, tu le sais.
A.A : Ça marche.
N.G : Et surtout, n’oubliez pas, dans l’événementiel, on n’a pas un métier facile, mais c’est quand même mieux que de travailler.
Générique :
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